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Un milliardaire allemand va-t-il faire capoter le sauvetage de Lufthansa?

L'ingénieur allemand est arrivé en Chine en empruntant une avion-charter de Lufthansa.

L'ingénieur allemand est arrivé en Chine en empruntant une avion-charter de Lufthansa. - Boris Roessler - DPA/AFP

Dans une interview, le premier actionnaire du groupe aérien a critiqué le plan de la direction pour éviter la faillite. Et sans le soutien d'une majorité d'actionnaires, la remise à flot pourrait être compromise.

Lufthansa a prévenu mercredi que son plan sauvetage de 9 milliards d'euros négocié avec l'Etat allemand pourrait échouer faute de soutien suffisant de ses actionnaire, et notamment du premier d'entre eux, un milliardaire.

"Il est possible" que le plan, qui prévoit notamment le retour de l'Etat allemand au capital de la compagnie à hauteur de 20%, "n'obtienne pas la majorité nécessaire" lors de l'assemblée générale extraordinaire prévue le 25 juin, indique le premier groupe européen du transport aérien dans un communiqué.

Il implore de ce fait les actionnaires à venir voter en nombre ce jour-là car actuellement, compte tenu du faible nombre d'actionnaires ayant l'intention de participer, une majorité de soutien au plan sera, selon la compagnie, difficilement atteinte.

Demande de renégociation

Heinz Hermann Thiele, qui a fait fortune dans les freins pour le secteur automobile et le ferroviaire, est devenu fin mars le premier actionnaire de Lufthansa, avec 10% des parts initialement. 

Mais dans une interview publiée mardi soir par le quotidien FAZ, il a annoncé détenir désormais 15%, tout en critiquant le sauvetage et demandant une renégociation.

La majorité des deux tiers est nécessaire pour approuver le sauvetage, si la présence est, comme ce fut le cas lors de la dernière AG régulière, inférieure à 50%. Heinz Hermann Thiele pourrait alors facilement faire échouer le projet.

L'entrée au capital de l'Etat ne passe pas

Si plus de la moitié des droits de vote sont représentés, il suffit d'une majorité simple. C'est pourquoi le groupe lance dans son communiqué "un appel urgent à tous les actionnaires privés et institutionnels à exercer leur droit de vote". Dans l'entretien, Heinz Hermann Thiele n'annonce toutefois pas d'intention claire de vote.

Le passage à 15% "n'est pas le signal de voter contre quelque chose lors de l'assemblée générale" et "je ne vais certainement pas bloquer ou freiner", a-t-il déclaré.

"Il est possible que nous menions des discussions pour évaluer les possibilités de manoeuvre restantes" avant la réunion, ajoute l'homme d'affaires, dont la fortune est estimée par Forbes à plus de 15 milliards de dollars.

"Je ne pense pas que toutes les options ont été explorées" au cours des longues négociations entre Lufthansa et le gouvernement, juge Heinz Hermann Thiele, critiquant l'entrée au capital prévue de l'Etat.

22.000 suppressions de postes

Berlin pourrait notamment retarder ou bloquer des restructurations "nécessaires", notamment si elles passent pas des suppressions d'emplois, estime-t-il.

Le groupe a annoncé la semaine passée l'intention de supprimer 22.000 postes équivalents temps plein en raison de la pandémie de coronavirus, qui a plongé le secteur dans une crise sans précédent.

En cas de refus des actionnaires, Lufthansa pourrait avoir se mettre sous protection de la loi allemande sur les faillites, une "procédure de sauvetage" prévue par la législation allemande pour les entreprises en situation d'insolvabilité.

Lors de la présentation des résultats du premier trimestre, il y a deux semaines, le patron de Lufthansa, Carsten Spohr, s'était encore dit "confiant" d'obtenir l'aval de l'AG.

TL avec l'AFP