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Une entreprise française de coffres-forts virtuels portée par l'explosion du bitcoin

Le bitcoin dépasse pour la 1ère fois les 15.000 dollars.

Le bitcoin dépasse pour la 1ère fois les 15.000 dollars. - Stephane de Sakutin - AFP

Ledger surfe sur l'engouement pour les cryptomonnaies. L'entreprise affirme avoir élaboré une solution qui permet une sécurisation totale des transactions.

La société française Ledger, jeune pousse née il y a quatre ans à Vierzon (Cher) et qui se présente comme le leader mondial des coffres-forts virtuels, surfe sur l'engouement pour les cryptomonnaies, un secteur en plein essor mais fragile en termes de sécurité informatique. "Les ventes ont décollé avec l'explosion du marché des cryptomonnaies dont la valeur a été multipliée par 10 ces dix derniers mois, passant de 20 à 200 milliards de dollars", raconte Éric Larchevêque, PDG de Ledger. "Le besoin de sécurisation augmente et le potentiel de croissance est considérable", poursuit-il. L'entreprise a désormais son siège à Paris et compte 80 salariés.

Les cryptomonnaies, dont le fonctionnement repose sur la technologie de la "blockchain" - livre de comptes de la monnaie électronique - ont cessé d'être confidentielles et s'investissent massivement dans les levées de fonds. Selon les estimations, il y aurait environ 30 millions d'utilisateurs de bitcoins, dont la moitié aux États-Unis et plus de 100.000 en France. Le 29 novembre, le bitcoin a franchi la barre symbolique des 10.000 dollars pour la première fois depuis sa création en 2009 et jeudi, le cours a atteint les 15.000 dollars. Les banques s'y intéressent de très près même si les économistes s'interrogent sur une possible bulle spéculative et que les autorités françaises notamment mettent en garde les épargnants et investisseurs quant aux risques de pertes "très élevées". 

À la merci de pirates informatiques

Ces cryptomonnaies, qui ne sont régies par aucune banque centrale et aucun gouvernement, sont toutefois à la merci de pirates informatiques ou de malwares qui peuvent détourner des fortunes colossales en quelques secondes. En juillet, la plateforme d'échanges Dashcoin a ainsi perdu 7,3 millions d'euros, détournés par des hackers. En novembre, une société informatique russe a annoncé avoir identifié un virus qui avait permis de dérober 140.000 dollars en bitcoins et la Corée du Nord est soupçonnée d'intensifier ses cyberattaques contre les cryptomonnaies afin de récupérer des devises.

Pour pallier cette faiblesse, Ledger affirme avoir élaboré une solution qui permet une sécurisation totale des transactions. Son procédé allie la technologie de la carte à puce et la maîtrise des protocoles blockchain. Il évite ainsi que la clé privée qui signe la transaction puisse être piratée. "Nous sommes les seuls à utiliser cette technologie dans ce secteur, et à proposer une solution entièrement sécurisée adaptée aux exigences des cryptomonnaies et de la blockchain", explique Éric Larchevêque. "Quand on a de l'or que l'on veut mettre en sécurité, on achète un coffre-fort. Là, c'est la même chose, on confie la sécurisation et la gestion des cryptomonnaies à un coffre-fort virtuel."

La start-up refuse de dévoiler son chiffre d'affaires

Ledger commercialise un portefeuille électronique qui ressemble à s'y méprendre à une clé USB. La start-up, qui refuse de dévoiler son chiffre d'affaires, en a écoulé 20.000 unités en 2016. "Tout le monde s'y met. La France, le Kazakhstan, le Zimbabwe, les États-Unis, le Japon..." déclarait son PDG, Pascal Gauthier, sur BFM Business. Il annonçait alors en avoir vendu 600.000 et prévoyait 2 millions de ventes à travers le monde en 2018.

Après les particuliers, l'entreprise s'attaque au marché des entreprises en développant des applications plus spécifiquement dédiées aux institutions financières, places de marché et fonds spéculatifs. Ledger a commencé à déployer un nouveau produit à leur intention, le Ledger Vault, en partenariat avec la multinationale Gemalto (sécurité numérique), et assure avoir déjà signé avec de gros clients aux États-Unis ou en Europe. Depuis sa création en 2014, la start-up a levé 8,3 millions d'euros dont 7 millions en mars dernier, et prévoit une vingtaine d'embauches dans les mois à venir.

Ses activités se répartissent entre Paris et son unité logistique de Vierzon, qui assure la personnalisation et la distribution des produits. La production proprement dite est faite en Chine mais Ledger n'exclut pas de conclure sous peu des partenariats pour des fabrications ailleurs, "en France ou sur un autre continent".

D. L. avec AFP