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Une pénurie mondiale de fibre optique freine le déploiement du très haut débit en France

Les départements s'alarment des problèmes d'approvisionnement de la fibre optique qui pénalisent le déploiement du très haut débit.

Les départements s'alarment des problèmes d'approvisionnement de la fibre optique qui pénalisent le déploiement du très haut débit. - Bertrand Langlois-AFP

Cinq départements s'inquiètent de la pénurie mondiale de fibre optique qui pénalise le déploiement de réseaux à très haut débit. En cause, l'explosion de la demande mondiale, mal anticipée, et des capacités de production peu élastiques.

Le plan gouvernemental (lancé en 2013) visant à couvrir l’intégralité de l'Hexagone en réseaux très haut débit d’ici 2022, a du plomb dans l'aile. En cause, la pénurie de fibre optique censée raccorder les abonnés à Internet. Cinq départements de Bourgogne-Franche-Comté, inquiets de la "pénurie de fibre optique au niveau mondial", craignent de ne pouvoir "tenir leurs engagements" en matière de déploiement d'internet très haut débit.

"Les territoires sont touchés de plein fouet par la pénurie de fibre optique au niveau mondial", ont indiqué la Côte-d'Or, le Jura, la Nièvre, la Saône-et-Loire et l'Yonne, tous actionnaires d'une société publique chargée de déployer et commercialiser la fibre sur leur territoire auprès des particuliers.

Une pénurie mondiale due en partie à la Chine

Le problème numéro Un tient à l'explosion de la demande mondiale de fibre optique. "En 2017, la consommation mondiale a dépassé les 500 millions de kilomètres. La Chine, qui déploie ses infrastructures télécoms de manière rapide, consomme plus de la moitié du stock. La France, qui ne représente que 3% de la consommation mondiale, voit également ses besoins augmenter", s'alarmait fin mai 2018, le député LR de l’Ardèche Fabrice Brun, interpellant dans une question écrite, le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard.

L'envol de la demande de fibre optique a été mal anticipé

Or cette progression des besoins en fibre optique n’a pas été bien anticipée. Le député LR souligne le fossé qui "sépare les métropoles ayant pu anticiper leurs investissements numériques -en passant des concessions avec les opérateurs- et les communes rurales qui, pour des raisons financières, n’ont pas toujours passé de tels contrats."

La réalité de la pénurie est liée au fonctionnement du marché de la fibre optique, peu élastique par rapport à la demande, comparé aux marchés d'autres produits comme le pétrole. La complexité du processus industriel de fabrication des précieux câbles très haut débit fait que les industriels produisent pour l'essentiel à la demande. Il n'y a pratiquement pas de stocks dans les usines de fibre optique. Ces sites satisfont en général des commandes spécifiques étalés sur des contrats pluriannuels, chaque pays ou opérateur télécoms demandeur pouvant avoir des exigences distinctes (densité du nombre de fibres par câbles, type de connectique,...).

Prysmian a déjà vendu sa production de fibre pour 2018

À l'occasion d'une visite de représentant de l'Arcep, mi-mai 2018, Prysmian, l'un des principaux industriels mondiaux, indiquait avoir déjà vendu toute sa production mondiale de fibre pour 2018 (environ 40 millions de km) et estimait qu’il aurait pu vendre au moins 15% de plus s’il avait eu les capacités suffisantes.

En effet le temps de réaction des industriels de la fibre optique (Prysmian, Nexans, Acome) est contraint car l'augmentation de la capacité de production exige de gros investissements et du temps pour monter en puissance. Ce manque d'élasticité tient à la production en amont de préformes (matière première de la fibre produite à partir de la silice), activité technoogique à haute valeur ajoutée, nécessitant des investissements importants et qui ne se sont rentabilisés que sur la durée (environ 7 ans).

Frédéric Bergé