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Vélib' : Smovengo a fait preuve "d’arrogance ou d'irresponsabilité", selon Jean-Charles Decaux

Le co-directeur général de JCDecaux, Jean-Charles Decaux, s'est montré très critique concernant les conditions de l'appel d'offre du nouveau Vélib'. Il a estimé que le fiasco est "tellement gigantesque que ça remet en cause assez profondément la méthode d’évaluation des offres" publiques.

Invité de Good Morning Business ce jeudi, le co-directeur général de JCDecaux, Jean-Charles Decaux, est revenu sur les difficultés du Vélib'. Son successeur, l'opérateur Smovengo, accumule les ratés pour l'installation des nouveaux vélos parisiens. Le dirigeant de JCDecaux a estimé que "la commande publique a une lourde responsabilité quand elle évalue des offres". Pour mémoire, ce marché public est initié par le Syndical Autolib’ Vélib’ Métropole.

"[La commande publique] doit absolument mettre tout en œuvre pour s'assurer que la promesse réalisée au moment de l'appel d'offre est tenable. Aujourd’hui l’écart est tellement gigantesque que ça remet en cause assez profondément la méthode d’évaluation des offres" publiques. 

"De l’arrogance ou de l’irresponsabilité"

Selon Jean-Charles Decaux, l'affaire est d'autant plus grave qu'il y avait "280 emplois qui ont été perdus pour une de nos filiales, Cyclocity, et en plus le repreneur n’a pas pris la peine de les reprendre, sauf après une longue négociation, laborieuse, délicate". Le dirigeant a assuré que c'était "la première fois dans l’histoire de JCDecaux qu’il y avait un plan de sauvegarde de l'emploi à mener".

"Quand je vois les difficultés qu’a notre successeur, ne pas reprendre aucun de nos cadres, qui avaient l’expertise, l’expérience, c’est où de l’arrogance ou de l’irresponsabilité", a asséné Jean-Charles Decaux.

Ce dernier a tout de même souligné que "tout le monde a retrouvé un emploi, soit chez JCDecaux, soit dans le cadre du plan de sauvegarde de l'emploi que nous avons mené".

Le prix "ne peut pas être un facteur totalement décisif"

Contraints par des enjeux budgétaires, certains acteurs publics portent une attention particulière au prix proposé par les opérateurs. Jean-Charles Decaux a fustigé cette stratégie. "Il faut passer du moins disant au mieux disant", a-t-il insisté. "Le prix est un facteur, mais ça ne peut pas être un facteur totalement décisif."

Alors que le Vélib' est encore loin d'être totalement opérationnel -et cela affecte l'image du service- l'opérateur doit de plus indemniser des clients mécontents. 

Le duo publicité contre vélo

S'il ne s'occupe plus de Paris, JCDecaux reste présent dans 70 pays. Le concept du vélo-partage s'est répandu et de nouveaux concurrents, notamment asiatiques, font leur apparition. Jean-Charles Decaux reste confiant dans le modèle économique de son entreprise:

"Nous avons un modèle économique vertueux, nous [l']avons inventé en le basant sur ce duo: publicité contre vélo. Il a marché formidablement bien pendant dix ans, puisqu’il a créé le plus grand service au monde et il a rapporté de l’argent à la ville de Paris pendant toutes ces années."

J.-C.C.