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Vente de Rafale à l'Inde: "une petite déception" pour Marwan Lahoud

Marwan Lahoud était l'invité de BFM Business ce 13 avril.

Marwan Lahoud était l'invité de BFM Business ce 13 avril. - BFM Business

Titulaire de la double casquette, le président du GIFAS se réjouit de cette vente de 36 avions à l'Inde. Mais le patron d'Airbus regrette que l'Eurofighter soit perdant dans l'histoire.

C'est enfin officiel, l'Inde a commandé des Rafale. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, en visite en France le 10 avril, a officialisé la commande de 36 avions de combats de Dassault. Et Marwan Lahoud est divisé, explique-t-il amusé sur BFM Business ce 13 avril.

"Pour le président du GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales), c'est une très bonne nouvelle. Toute la filière aéronautique français va en profiter. Mais pour le directeur général délégué à la stratégie d'Airbus, il y a une petite déception puisque le perdant face au Rafale est l'Eurofighter construit par Airbus". Néanmoins, il rappelle que ce n'est pas une surprise puisque l'Inde était sur les rangs depuis longtemps.

Et d'ailleurs, il espère bien que l'Inde continuera à être séduite par l'aéronautique française. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, est actuellement en visite dans la chaine de fabrication des Airbus A380. S'il n'a fait aucune déclaration, il s'est ostensiblement laissé photographier devant un hélicoptère de transport militaire d'Airbus Group, le H225M, un modèle pouvant à la fois transporter des troupes spéciales ou assurer des missions de sauvetage.

Marwan Lahoud précise que l'Inde est un marché très important pour Airbus. "Dans le commercial, les compagnies privées indiennes sont des très gros clients d'Airbus. Dans le militaire, nous avons un appel d'offres pour des MRTT avions ravitailleurs, des avions de transports, plusieurs centaines d'hélicoptères légers".

Si le champ d'opportunités est donc assez large, Airbus doit faire du "make in India". En effet, Narendra Modi expliquait sur son compte Facebook au début de sa visite officielle en France: "Je me réjouis de me rendre en France pour renforcer l'implication française dans notre programme Make in India, en particulier dans le secteur de la défense".

"On est capable de construire partout"

Cela signifie donc, précise Marwan Lahoud qu'"on va construire des équipements militaires en Inde". Et il ajoute qu'Airbus n'a pas de "réticence à transférer des technologies, on est capable de construire partout. Ce qui est important ce sont les conditions dans lesquelles nous allons produire et surtout le contrôle que nous aurons sur la chaine de valeurs des produits que nous allons fabriquer".

Airbus Group emploie déjà en Inde "400 personnes hautement qualifiées" dans deux centres d'ingénierie et un centre de recherche et technologie. Ses achats en Inde représentent 400 millions de dollars par an, faisant vivre 5.000 salariés de 40 entreprises. Dans l'aviation civile, près de 800 Airbus ont été commandés en Inde depuis 10 ans, 200 y volent déjà et grâce aux commandes récentes (un accord pour 250 A320 Néo de la compagnie Indigo) Airbus occupe 70% du marché.

Des emplois non pourvus

Par ailleurs, Marwan Lahoud remarque qu'avec le Rafale, la France place ses pions au Moyen-Orient. En février, l'Egypte a en effet signé pour 36 avions et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a laissé entendre que les négociations pour la vente d'avions de combat français Rafale aux Emirats arabes unis avaient avancé. "Cela signifie que le besoin de sécurité est croissant au Moyen-Orient. L'instabilité augmente, les périls montent en puissance".

Et enfin Marwan Lahoud, a rappelé que l'aéronautique avait du mal à recruter. Le Gifas chiffre à 2.000 le nombre d'emplois non pourvus dans la filière faute de candidats. C'est essentiellement dans les métiers de la production qu'il y a des besoins, afin de faire face notamment à la montée en cadence des appareils. "Dans certains métiers nous ne recrutons pas car nous ne trouvons pas".

D. L.