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Netflix sera-t-il le sauveur de Luc Besson?

Selon le magazine hollywoodien Variety, le site de vidéo à la demande pourrait commander des films au réalisateur, voire lui racheter une partie de son catalogue.

En difficulté financière depuis le semi-échec de Valérian, EuropaCorp a peut-être trouvé une solution. Selon Variety, des discussions ont actuellement lieu avec Netflix, qui pourrait demander à Luc Besson de réaliser et produire plusieurs films en exclusivité pour son service. Le californien pourrait aussi acheter une partie du catalogue d'EuropaCorp, voire investir à son capital.

L'annonce de ces discussions a fait bondir en bourse mercredi 31 janvier l'action du studio de Luc Besson, qui gagnait à la mi-journée près de 5%, à environ 1,6 euros.

Jeudi 18 janvier, le magazine hollywoodien avait déjà indiqué que TF1, l’américain Lions Gate ou encore le producteur tunisien Tarak ben Ammar envisageaient de devenir actionnaires d'EuropaCorp, voire de le racheter.

Quadrature du cercle

EuropaCorp, plombé par une dette nette de 230 millions d’euros qu’il doit commencer à rembourser en 2019, aurait besoin de 100 millions d’euros pour s’en sortir, à en croire Variety. Soit bien plus que la valeur d'Europacorp en bourse qui s'est effondrée, à 65 millions d'euros. Autrement dit, un investisseur, en mettant 65 millions d'euros sur la table, pourrait racheter la totalité du capital.

Mais Luc Besson veut échapper à la vente de tout le capital, voire même de la majorité du capital. En novembre, il avait indiqué étudier seulement "une recapitalisation et/ou une restructuration ou un refinancement de ses dettes". Le 23 janvier, il a "confirmé avoir entamé des discussions avec divers partenaires financiers et/ou industriels en vue d’un renforcement de ses capacités financières".

Bijoux de famille

Pour échapper à cette quadrature du cercle, Luc Besson a d'abord vendu une série d'activités périphériques. Il y a un an, l'activité salles de cinéma a été cédée aux Cinémas Gaumont Pathé pour 21 millions d'euros. Puis, mi-juin, Sony/ATV a racheté les droits sur la musique des films pour 14,5 à 16,5 millions d'euros. En janvier, la production de séries télévisées françaises a été vendue pour 11 millions d'euros à Mediawan.

Restent encore en vente tout ou partie de l’activité de post-production Digital Factory et/ou du catalogue de Roissy Films. La première avait été valorisée 3,45 millions d'euros lors de son rachat il y a cinq ans. Le second a été racheté 27 millions d'euros en 2008, mais ne vaudrait plus que 5 millions, selon une évaluation du cabinet Accuracy.

La cession de ces activités périphériques s'avérant insuffisante, Luc Besson envisagerait donc désormais de vendre son propre catalogue de films constitué de ses grands succès. Ce catalogue est valorisé 136 millions d'euros par le cabinet Accuracy. Toutefois, la quasi-totalité des actifs d'EuropaCorp est gagée auprès des créanciers (menés par la banque américaine JP Morgan). Si bien que le produit des cessions pourrait aller directement dans leur poche...

Défection imprévue

Rappelons que les problèmes du studio de Luc Besson sont dus au demi-échec de Valérian. Le film a finalement engrangé 225 millions de dollars de recettes dans le monde, dont seulement 41 millions aux États-Unis. Soit deux fois moins que le précédent succès de Luc Besson, Lucy. Problème: Lucy avait coûté seulement 49 millions d'euros, soit près de quatre fois moins que Valérian. Ce dernier, dont le budget avait été chiffré avant le tournage à 197 millions d'euros, a finalement coûté 180 millions d'euros, a indiqué Luc Besson.

Certes, EuropaCorp avait refinancé la quasi-totalité du budget du film auprès de co-producteurs, comme Orange ou TF1, et ne restait exposé qu'à hauteur de moins de 15 millions de dollars.

Mais EuropacCorp a aussi dû payer 40 millions d'euros pour promouvoir le film aux États-Unis, selon l'Express. Une dépense qui n'était pas prévue à l'origine, EuropaCorp pensant s'appuyer sur son partenaire Relativity, mais celui-ci a fait faillite en juillet 2015. Luc Besson a dû alors se rabattre en catastrophe sur un autre distributeur américain, STX, qui lui a fait payer la majorité des dépenses de promotion.

Jamal Henni