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Pourquoi les huîtres Gillardeau sont-elles tatouées?

VIDÉO - Depuis 2014, la société familiale séculaire basée à Oléron tatoue ses célèbres huîtres au laser. Un G entouré d'un rond gravé sur les coquilles, destiné à décourager les contrefacteurs.

Si vous mangez des huîtres Gillardeau au réveillon, veillez bien à trouver, gravé sur leur coquille, un G cerclé. Ce "tatouage", réalisé au laser, est la preuve formelle que vous vous régalez bien de ce mollusque célèbre produit au large d'Oléron, couvé quatre ans durant par les ostréiculteurs.

La quatrième génération à la tête de l'entreprise familiale Gillardeau tatoue ses huîtres au laser depuis 2014. Un moyen de lutter contre la contrefaçon de celle qu'on appelle la Rolls de l'huître française. Contrefaçon qui, déplorait la société à l'époque, pénalise ses ventes de 15% à 20%.

Des puces ne résisteraient pas à l'eau de mer

Ses huîtres, célèbres dans le monde entier pour leur aspect charnu et leur goût de noisette, font en effet des envieux. Au début des années 2010, des "fausses" Gillardeau sont signalées en Chine, puis en Europe, puis un peu partout dans le monde. Des huîtres ordinaires vendues en bourriches qui usurpent le nom de Gillardeau.

Alors la société basée à Bourcefranc-le-Chapu, dans le bassin de Marennes-Oléron, prend le problème à bras le corps pour garantir au client final, qui peut payer jusqu'à près de 10 euros l'unité de cette huître spéciale, qu'il en a pour son argent.

Pour rendre ses huîtres tout à fait reconnaissables, elle pense d'abord à insérer des puces dans sa coquille. Mais la technologie ne résisterait pas à l'eau de mer. Elle décide alors de graver son logo sur la coquille de l'animal. Un tatouage qui doit être visible, ne pas s'effacer dans l'eau, mais pas trop profond pour ne pas blesser l'huître.

Un investissement de 5 millions d'euros

L'entreprise familiale va ainsi investir près de 5 millions d'euros pour mettre au point une technique de tatouage au laser des coquilles de ses huîtres. Un procédé mis au point avec l'expert de la sécurité des billets de banque et autres documents officiels Arjowiggins. La somme servira aussi à doter Gillardeau de chaînes de conditionnement adaptées, installées dans un tout nouveau bâtiment de 1800 mètres carrés à quelques pas du pont qui relie le continent à l'île d'Oléron.

La société plus que centenaire ne révèle pas son chiffre d'affaires. Elle indique seulement employer une centaine de personnes pour produire quelque 3000 tonnes d'huîtres par an, et connaître depuis 15 ans une croissance de ses ventes de 20% par an.

Nina Godart