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Assurance Banque

Résiliation annuelle de l'assurance emprunteur: un gouffre pour les banques

VIDÉO - Depuis trois mois, le dispositif de résiliation annuelle de l'assurance emprunteur a été mis en place. Et il a déjà fait perdre des millions d'euros aux banques.

Le grand choc de l'assurance emprunteur est bien en train d'avoir lieu. Trois mois à peine après l'entrée en vigueur de la résiliation annuelle, les banques ont déjà perdu au moins plusieurs dizaines de millions d'euros de primes.

En effet, les premiers chiffres sont sans appel, la résiliation annuelle de l'assurance emprunteur est en train de coûter cher aux banques, en témoigne le courtier Réassurezmoi, l'un des deux gros acteurs indépendants sur l'assurance de prêts.

Il ne possède qu'un peu moins de 10% de part de marché mais a déjà fait perdre à lui seul près de 30 millions d'euros de primes aux grandes banques françaises en l'espace de trois mois. 28 millions d'euros précisément. 28 millions pour moins de 3.000 contrats résiliés seulement. Autrement dit, explique le courtier à BFM Business, chaque assuré perdu coûte en moyenne à la banque un peu plus de 9.000 euros de primes.

Les établissements qui ont le plus perdu

Réassurezmoi dévoile également le nom des établissements qui ont le plus perdu. Il s'agit évidemment de ceux qui possèdent les plus gros stocks de crédits immobiliers. Crédit Agricole, Banque Postale et Caisse d'Épargne, le courtier leur a faire perdre à eux seuls plus de 13 millions d'euros de primes depuis janvier.

Évidemment les banques communiquent peu. Quand on les interroge, elles ont forcément tendance à minimiser ce "choc de l'assurance emprunteur" dont parlent les courtiers et les assureurs alternatifs.

Elles minimisent les premiers effets mais clairement pas l'impact potentiel à terme. Il y a évidemment le coût final en terme de perte de primes. Sans détailler toutes les extrapolations, au rythme où vont les choses, ce ne sont par plusieurs dizaines de millions d'euros de primes que les banques risquent de perdre mais au moins un milliard dès cette année.

Mais au-delà de l'assurance de prêt des pertes directement associées, les banques craignent l'effet boule de neige. "Dans un premier temps on ne perd "que" des assurés", expliquait une source au sein d'une banque fortement exposée, "mais le risque à moyen long terme est de perdre des clients tout court!" Risque de casser des relations de fidélité, d'où l'attitude d'un certain nombre de banques qui préfèrent aligner les tarifs de leurs propres assurances plutôt que de voir partir leurs assurés pour la concurrence.

Marie Coeurderoy