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Quand des vins de cépages usurpent les certifications

Des grappes de Pinot blanc, un des nombreux cépages, ou variété de raisin, qu'on peut trouver en France.

Des grappes de Pinot blanc, un des nombreux cépages, ou variété de raisin, qu'on peut trouver en France. - -

Selon une enquête de Bercy sur les vins sans indication géographique, la majorité des anomalies constatées concernent la mention indue d'un domaine, d'un village ou d'une région sur l'étiquette.

Il suffit de regarder les linéaires des supermarchés pour s'en rendre compte : les vins de cépages sont un marché en pleine expansion en France! Agreste, l'institut statistique affilié au ministère de l'Agriculture, estime qu'en 2013, la production de ces vins sans indication géographiques (VSIG) devait augmenter de 40%. Face à ce succès croissant, et à la demande d'organisations professionnelles du secteur, les autorités ont lancé une enquête sur les certifications de ces vins, dont les résultats ont été publiés le 25 juillet.

Les représentants des producteurs et vendeurs de vins d'appellation craignaient que certaines étiquettes ne prêtent à confusion avec celles des crus dont l'appellation d'origine ou l'indication géographique est protégée. Les AOP ou IGP doivent en effet respecter des règles de production scrupuleuses, liées à un terroir ou un domaine. Tandis que les VSIG ont pour seule obligation d'être composé à 85% de la variété de raisin –viognier, syrah, sauvignon ou autres- mentionné sur leur bouteille. Mais les grappes peuvent provenir de différentes régions.

La certification de France Agrimer obligatoire

Les organisations professionnelles avaient visiblement raison de s'inquiéter. Parmi les anomalies recensées par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), 62% portaient sur l’utilisation de mentions réservées aux vins avec indication géographique. Une mention relative à l’embouteillage, un nom d’exploitation viticole ou encore un terme à connotation géographique... Des constats qui ont donné lieu à des avertissements de la part de la DGCCRF.

Deuxième cause d'anomalies: la mention de cépage, et/ou de millésime (année de récolte du raisin utilisé), sans certification. Or ces bouteilles, désignées sous le terme de "vin de table" jusqu'à un changement de législation en 2009, doivent obligatoirement recevoir un agrément de France Agrimer pour être commercialisées avec ces mentions.

Certains producteurs ou vendeurs, de bonne foi, ne connaissaient pas l'obligation d'obtenir un agrément auprès de France Agrimer. Ceux-là ont dû ré-étiqueter leurs bouteilles. D'autres, dont l'étiquette tendait à faire croire que la bouteille bénéficiait d'une certification, ont fait l'objet de suites contentieuses.

Nina Godart