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Vivendi: départ surprise de Vincent Bolloré au profit de son fils Yannick

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L'industriel breton a annoncé laisser la présidence du conseil de surveillance de Vivendi à son fils Yannick.

Surprise chez Vivendi. Jeudi 19 avril, Vincent Bolloré a quitté la présidence du conseil de surveillance, qu'il occupait depuis quatre ans. Pour lui succéder, le conseil a choisi "à l'unanimité" son fils Yannick, comme proposé par le père. Agé de 38 ans, le fils cadet était jusqu'à présent PDG d'Havas, agence de publicité rachetée par Vivendi l'an dernier.

"Je ne compte pas rester 50 ans. C'est la dernière assemblée que je préside. Il faut laisser la place aux jeunes", a déclaré l'industriel lors de l'assemblée générale de Vivendi, ajoutant, en tout modestie: "Dans la dernière saison de la série 'Versailles', le roi Louis XIV dit à son arrière-petit-fils: 'tout ça va être à toi'". "Yannick Bolloré, je l'aime beaucoup pour les raisons que vous connaissez, mais en plus il réussit très bien", avait-il lancé au début de l'assemblée générale.

"Ca ne veut pas dire qu'il s'éloigne de Vivendi. Mais il estime que le chantier de redressement est achevé et que les équipes en place peuvent diriger le groupe", a expliqué une source proche de Vivendi à l'AFP. "Vincent Bolloré est entré dans sa 67ème année", justifie un communiqué de Vivendi. Toutefois, l'industriel breton n'est pas atteint par la limite d'âge fixée par les statuts, et donc aurait pu rester en poste.

"Personne ne s'y attendait"

"Personne ne s'y attendait maintenant", dit un responsable. Certes, Vincent Bolloré promettait depuis longtemps de laisser un jour son poste à son fils Yannick, mais il n'avait jamais donné de date. Il a juste promis de quitter la direction du groupe Bolloré en 2022, pour ses 70 ans. "Peut-être que Yannick s'impatientait de plus en plus", suppose un salarié.

Rappelons que Vincent Bolloré vient aussi d'abandonner la présidence du conseil de surveillance de Canal Plus.

Mais Vincent Bolloré ne part pas bien loin: il reste PDG du groupe Bolloré, premier actionnaire de Vivendi avec 22% du capital. Il reste aussi membre du conseil de surveillance de Vivendi.

Problèmes de gouvernance

En tous cas, ce départ permet de résoudre les critiques du Haut comité pour la gouvernance d'entreprise (HCGE), émanation de l'Afep-Medef, qui critiquait la trop forte implication de Vincent Bolloré dans Vivendi -précisément, le fait qu'il se mêle de l'opérationnel alors que sa fonction (président du conseil de surveillance) est non opérationnelle. Fait rarissime, le HCGE avait critiqué publiquement cette situation dans son dernier rapport annuel, paru en octobre 2017:

"le Haut comité s’est interrogé sur l’adéquation de la description des fonctions du président du conseil de surveillance de Vivendi selon le rapport annuel de cette société, et la réalité de ces fonctions telle qu’elle apparaît dans la relation des opérations conduites par le groupe. Au terme d’un dialogue avec la société Vivendi, le Haut comité a pris acte de ce que celle-ci s’engageait à définir ces fonctions et à améliorer sa communication sur ce point".

Pire: selon le site les Jours, le HCGE avait écrit à Vincent Bolloré en janvier 2017 pour lui reprocher: "Il apparaît que vous intervenez plus comme dirigeant exécutif qu’en tant que président du conseil de surveillance, chargé selon la loi de le convoquer et d’en diriger les débats. Cette impression est renforcée par l’influence que vous donne votre position de premier actionnaire de la société". La lettre soulignait son "implication personnelle dans la conduite des affaires du groupe, tant internes qu’externes, et notamment dans des domaines qui pourraient relever des missions d’un conseil d’administration que d’un conseil de surveillance". Elle déplorait aussi d'"autres déviations et manquements d’information" par rapport au code Afep-Medef.

Vincent Bolloré n'a jamais pu prendre de fonction opérationnelle chez Vivendi (président du directoire par exemple) car le code du commerce permet d'être dirigeant opérationnel d'une seule société cotée en Bourse. Or Vincent Bolloré est déjà directeur général du groupe Bolloré.

Jamal Henni