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Vivendi: Fourtou admet des "divergences" avec Bolloré

Jean-René Fourtou met le conflit sur le dos de l'industriel breton et évite l'auto-critique

Jean-René Fourtou met le conflit sur le dos de l'industriel breton et évite l'auto-critique - -

Le président du conseil de surveillance du groupe, Jean-René Fourtou, s'explique sur son conflit avec Vincent Bolloré dans une interview au 'Monde' de ce 4 octobre.

Jean-René Fourtou sort du bois. Le président du conseil de surveillance de Vivendi a accordé, vendredi 4 octobre, sa première interview depuis de nombreuses années. Dans Le Monde, il explique pour la première fois que le conflit qui l'a opposé ces dernières semaines à Vincent Bolloré. "Nous avons eu des divergences sur le management et la future gouvernance du groupe", admet-il, rompant avec la position officielle du groupe, qui était de nier tout conflit.

Selon JRF, le conflit a porté sur la présidence du directoire, et précisément la candidature de l'industriel breton à ce poste: "c’est un job à plein temps, il faut aller tous les mois à Los Angeles, passer du temps au Brésil… C’est très compliqué quand on a d’autres activités. Vincent l’a d’ailleurs compris".

Pas d'auto-critique

Traduction: le conflit aurait été déclenché par la candidature de Vincent Bolloré, et pas du tout par la volonté de JRF de nommer à ce poste le belge Jean-Yves Charlier, puis l'allemand Thomas Rabe.

Il ne faut pas s'attendre à une auto-critique de Jean-René Fourtou sur ce point. Au contraire, il assure que Jean-Yves Charlier "fait un excellent travail" chez SFR. Et il ne voit aucun de problème à nommer un étranger à la présidence du directoire, "à partir du moment où il parle français et dispose d’une culture mondialisée. Je n’ai pas l’intention de brader Vivendi à des étrangers. Tout mon parcours l’atteste, que ce soit chez Rhône-Poulenc ou Aventis. J’ai passé ma vie à défendre la France."

Départ au printemps 2014?

Ces courtes critiques sont compensées par des louanges sur l'industriel breton: "c’est un vrai industriel, un investisseur, qui ne dédaigne pas gagner de l’argent. Il y en a peu comme lui en France".

En revanche, JRF ne donne date précise pour son départ, disant juste: "je partirai lorsque la scission de Vivendi en deux pôles sera réalisée". Cette scission devant être approuvée par l'assemblée générale du printemps 2014, on peut donc penser que son départ aura lieu peu après. Au passage, il confirme que cela pourrait se faire via une cession des activités médias, une solution qui permet des économies d'impôt.

Ensuite, "Vincent Bolloré pourrait me succéder à la tête du conseil de surveillance de l’entité médias et contenus. Je l’aiderai".

La même échéance est fixé pour le directoire: "le conseil de surveillance a confirmé Jean-François Dubos avec Philippe Capron au directoire, jusqu’à la réalisation de la scission".

Divergences tues

En revanche, pas un mot sur les divergences qui ont opposé les deux hommes sur la stratégie: vente de SFR, négociations avec Numéricable, partage de réseau avec Bouygues...

En tous cas, Jean-René Fourtou confirme ne plus vouloir vendre SFR, même s'il ne dit pas que c'est en raison de l'opposition du premier actionnaire de Vivendi. "Personne ne nous a sollicités pour l’instant. Si cela arrivait, nous dirions non. Ce n’est pas le moment d’envisager une cession. Je vois tant de progrès possibles pour SFR, je crois à une remontée du marché. [Une valorisation de 15 milliards d'euros] n’est pas assez! Je parie qu’avant trois ans, nous retrouverons la valorisation qui était en vigueur lors du rachat en 2011 des 44% de SFR détenus par Vodafone", soit 23 milliards d'euros.

Mais quelques lignes plus loin, Jean-René Fourtou admet que cette valorisation était "trop chère"...

JRF assure enfin: "on n’envisage pas de plan social [chez SFR], je m’y engage". Il ajoute que l'accord de partage de réseau avec Bouygues Telecom "n’exclut pas d’autres accords par la suite avec d’autres opérateurs".

Jamal Henni