Vivendi: un pas de plus vers un retrait des télécoms
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Après l'opérateur brésilien GVT, le conglomérat aurait mis en vente Maroc Telecom.
Depuis quelques semaines, les dirigeants de Vivendi ne s'en cachent plus. En privé, ils assurent que leur objectif à terme est bien de se désengager des télécoms pour se recentrer sur les médias. Et leurs actes semblent en accord avec cette stratégie. D'abord, ils ont mis en vente l'été dernier GVT, leur opérateur télécoms brésilien. Une nouvelle étape vient d'être franchie: selon le Financial Times, le groupe tente maintenant de se débarrasser de Maroc Telecom. Précisément, il souhaiterait confier un mandat de vente à Lazard et au Crédit Agricole. Selon le quotidien britannique, l'opérateur téléphonique marocain pourrait intéresser des opérateurs du Golfe, comme l'émirati Etisalat ou le Qatari Qtel (déjà présent en Tunisie et en Algérie). En revanche, un rachat par Orange paraît exclu, car l'opérateur français détient déjà le principal concurrent de Maroc Télécom.
Premier problème: l'opérateur historique marocain affronte actuellement une vive concurrence sur son marché domestique, ce qui rend son avenir incertain, et sa valorisation difficile.
Ensuite, les 53% détenus par Vivendi, achetés 3,75 milliards d'euros, sont aujourd'hui très bien valorisés en bourse (4,3 milliards d'euros), et Vivendi veut les vendre encore au-dessus de cette valeur boursière -on parle de 6 milliards d'euros.
Enfin, le repreneur devra être agréé par Rabat, qui, il y a dix ans, avait refusé que Vivendi vende cette participation à un investisseur du Golfe. Comme l'écrit Natixis, "cette cession est un sujet complexe car éminemment politique. Les dividendes généreux que verse Maroc Telecom à Vivendi pèsent sur les réserves de change du pays. Les 410 millions d'euros de dividendes versés par Maroc Telecom à Vivendi représentent environ 4% de la balance des paiements du Maroc. Le Royaume du Maroc ne serait donc pas opposé à un changement d’actionnaire majoritaire à condition que l’acquéreur s’engage à réinvestir localement une part significative des dividendes."
Last but not least, une telle cession sera un crève-coeur pour le président du conseil de surveillance Jean-René Fourtou, très attaché au Maroc: il possède un superbe riad à Marrakech, co-préside le Groupe d’impulsion des relations économiques France Maroc, et a même créé une fondation carritative au Royaume chérifien.
Ensuite, la question est aussi éminemment politique. D'ores et déjà, les conseillers ministériels de Bercy s'inquiètent du fait que SFR tombe dans des mains étrangères, et se demandent comment faire pour le garder français.
Enfin, l'opérateur est touché de plein fouet par l'arrivée de Free. Son avenir n'est donc pas stabilisé, et sa valorisation difficile.
Pour toutes ces raisons, une vente de SFR ne semble pas pour demain. Comme l'écrit Natixis, "une cession de SFR ne paraît pas envisageable à court terme, tant que la situation, notamment sur le segment mobile, ne s’est pas stabilisée, et que le travail d’adaptation de la structure de coûts n’a pas pleinement porté ses fruits. Le management de SFR considère de façon informelle que le chiffre d'affaires et la rentabilité de SFR devraient se normaliser (stabilisation) courant 2014. Cette indication peut laisser penser que Vivendi pourrait envisager une cession à cette échéance. Un scission, avec la cotation de 2 véhicules, pourrait ainsi être le scénario le plus probable une fois GVT et Maroc Télécom cédés".
En effet, il existe des scénarii moins complexes qu'une vente pure et simple: par exemple une introduction en bourse, ou encore l'entrée au capital d'un actionnaire minoritaire, comme l'a fait le magnat mexicain Carlos Slim dans KPN et Telekom Austria.
En tous cas, fin août, les dirigeants de Vivendi indiquaient n'avoir reçu aucune offre sur SFR. Ce lundi 8 octobre, le Financial Times évoque des expressions d'intérêts très préliminaires de fonds d'investissement. Selon certaines rumeurs, Vodafone aurait aussi proposé cet été de reprendre l'opérateur français sur une valorisation très basse -moitié moins que la valorisation sur laquelle il était sorti il y a un an.
Interrogé, Vivendi s'est refusé à tout commentaire.
Un crève coeur pour Jean-René Fourtou
Toutefois, la cession de cette participation "sera longue et compliquée", dit un banquier. "Cette participation est difficile à vendre. Le Royaume du Maroc a déjà tenté de vendre ses 30%, mais a échoué. Et l'action est peu liquide sur les deux marchés où elle est cotée: Casablanca et Paris", abonde Exane BNP Paribas. "Mais Vivendi n'est pas pressé, et préférera attendre plutôt que de brader un actif", assure un conseil du groupe.Premier problème: l'opérateur historique marocain affronte actuellement une vive concurrence sur son marché domestique, ce qui rend son avenir incertain, et sa valorisation difficile.
Ensuite, les 53% détenus par Vivendi, achetés 3,75 milliards d'euros, sont aujourd'hui très bien valorisés en bourse (4,3 milliards d'euros), et Vivendi veut les vendre encore au-dessus de cette valeur boursière -on parle de 6 milliards d'euros.
Enfin, le repreneur devra être agréé par Rabat, qui, il y a dix ans, avait refusé que Vivendi vende cette participation à un investisseur du Golfe. Comme l'écrit Natixis, "cette cession est un sujet complexe car éminemment politique. Les dividendes généreux que verse Maroc Telecom à Vivendi pèsent sur les réserves de change du pays. Les 410 millions d'euros de dividendes versés par Maroc Telecom à Vivendi représentent environ 4% de la balance des paiements du Maroc. Le Royaume du Maroc ne serait donc pas opposé à un changement d’actionnaire majoritaire à condition que l’acquéreur s’engage à réinvestir localement une part significative des dividendes."
Last but not least, une telle cession sera un crève-coeur pour le président du conseil de surveillance Jean-René Fourtou, très attaché au Maroc: il possède un superbe riad à Marrakech, co-préside le Groupe d’impulsion des relations économiques France Maroc, et a même créé une fondation carritative au Royaume chérifien.
SFR, prochaine étape?
Surtout, si le plan est effectivement de se désengager des télécoms, il faudra alors se séparer du dernier actif télécoms restant: SFR. Et c'est une toute autre paire de manches. D'abord, c'est un très gros morceau. Il y a un an, lors de la sortie de Vodafone, l'opérateur valait 23 milliards d'euros: 17,5 milliards pour le capital, plus 5,5 milliards de dettes. Aujourd'hui, il vaut sans doute bien moins: les analystes le valorisent autour de 15 milliards -et même seulement 10 milliards chez Exane.Ensuite, la question est aussi éminemment politique. D'ores et déjà, les conseillers ministériels de Bercy s'inquiètent du fait que SFR tombe dans des mains étrangères, et se demandent comment faire pour le garder français.
Enfin, l'opérateur est touché de plein fouet par l'arrivée de Free. Son avenir n'est donc pas stabilisé, et sa valorisation difficile.
Pour toutes ces raisons, une vente de SFR ne semble pas pour demain. Comme l'écrit Natixis, "une cession de SFR ne paraît pas envisageable à court terme, tant que la situation, notamment sur le segment mobile, ne s’est pas stabilisée, et que le travail d’adaptation de la structure de coûts n’a pas pleinement porté ses fruits. Le management de SFR considère de façon informelle que le chiffre d'affaires et la rentabilité de SFR devraient se normaliser (stabilisation) courant 2014. Cette indication peut laisser penser que Vivendi pourrait envisager une cession à cette échéance. Un scission, avec la cotation de 2 véhicules, pourrait ainsi être le scénario le plus probable une fois GVT et Maroc Télécom cédés".
En effet, il existe des scénarii moins complexes qu'une vente pure et simple: par exemple une introduction en bourse, ou encore l'entrée au capital d'un actionnaire minoritaire, comme l'a fait le magnat mexicain Carlos Slim dans KPN et Telekom Austria.
En tous cas, fin août, les dirigeants de Vivendi indiquaient n'avoir reçu aucune offre sur SFR. Ce lundi 8 octobre, le Financial Times évoque des expressions d'intérêts très préliminaires de fonds d'investissement. Selon certaines rumeurs, Vodafone aurait aussi proposé cet été de reprendre l'opérateur français sur une valorisation très basse -moitié moins que la valorisation sur laquelle il était sorti il y a un an.
Interrogé, Vivendi s'est refusé à tout commentaire.
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