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Vivendi: une assemblée générale houleuse et sans annonce

Le président du conseil de surveillance Jean-René Fourtou lors de l'assemblée générale 2010

Le président du conseil de surveillance Jean-René Fourtou lors de l'assemblée générale 2010 - -

Lors de l'assemblée générale qui s'est tenue mardi 30 avril, les actionnaires ont multiplié les critiques vis-à-vis des dirigeants sur le flou de la stratégie. Aucune annonce n'a été faite, hormis une éventuelle cotation de SFR.

Le président du conseil de surveilllance Jean-René Fourtou a vécu son assemblée générale la plus houleuse depuis son arrivée à la tête de Vivendi en 2002. A une exception près, tous les petits porteurs qui ont pris la parole ont critiqué son action. Ainsi, Louis Bulidon, un habitué des assemblée générales: "mais où voyez-vous une société qui met plus d’un an à définir une stratégie ? Votre communication, c’est du ronron. Il y a un an, j’ai dit que vous deviez partir, M. Fourtou. Je renouvelle ma demande!". Une demande accueillie par des applaudissements et des cris: "Démission! Démission!"

Didier Cornardeau, président de l’Association des petits porteurs actifs, en a remis une couche: "on ne va nulle part. Vivendi veut-il être géré par un président du directoire intérimaire? Ne serait-il pas plus utile que vous [M. Fourtou] vous retiriez immédiatement au Maroc, où il fait bon vivre et où vous possédez une maison?"

Fourtou: "j'y suis, j'y reste"

Les petits porteurs étaient d’autant plus mécontents que la direction n’avait rien à annoncer. Un remplacement de Jean-René Fourtou par Vincent Bolloré à la présidence du conseil de surveillance, comme l’avaient annoncé le Journal du dimanche puis le Figaro? Rien de tel. "Vincent Bolloré n’a pas fait part au conseil de surveillance de sa volonté de me remplacer immédiatement. Ce n’est pas d’actualité pour l’instant. Avoir 5% d'une société ne donne pas la propriété d'une société...", a déclaré "JRF", qui a même répondu aux petits porteurs: "vous seriez bien avancés si je partais tout de suite. Je prends le pari que nous aurons ensemble la même conversation l’an prochain".

Il a même conclu l’assemblée par: "à l’année prochaine !". Toutefois, une source proche de la direction confirme que Jean-René Fourtou devrait enfin passer la main d’ici fin 2014.

Vincent Bolloré absent

De son côté, Vincent Bolloré n’était même pas présent à l’AG, retenu en Italie pour l'assemblée générale de Generali. "Un engagement pris de longue date", assure son porte-parole. Chez Vivendi, l’industriel breton était représenté comme l’an dernier par son neveu, Cédric de Bailliencourt, qui a préféré rester discret et ne pas tenir le rôle de scrutateur habituellement tenu par le premier actionnaire.

Pas de départ non plus à la présidence du directoire. Mi-décembre, Jean-François Dubos avait bien annoncé qu’il passerait la main lors de cette assemblée générale, mais il n’en finalement a rien été.

Idem pour la direction de SFR, où un changement de PDG est attendu, mais n’a pas non plus été confirmé mardi.

Vers une cotation de SFR?

Quant à la stratégie, Jean-François Dubos avait laissé espérer "des annonces lors de l’assemblée générale". Finalement, il n’en a rien été non plus.

Jean-René Fourtou a juste dit vouloir réaliser "une ou deux cessions d’actifs". Jean-François Dubos a confirmé avoir reçu "deux offres fermes sur Maroc Telecom, que nous allons examiner tranquillement".

Mais pour les autres actifs, mystère. L’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard? C’est un actif média, mais, selon Le Figaro, Vivendi pourrait vouloir quand même s’en désengager. Mais rien n’a été dit sur le sujet mardi.

L’opérateur télécoms brésilien GVT? Vivendi, après l’avoir mis en vente, a finalement "décidé que la revue était suspendue et de le développer", a dit mardi Jean-François Dubos.

L’opérateur français SFR? "Nous pourrions procéder à une mise en bourse ultérieure. Mais la décision n’est pas prise, et cela ne saurait être réalisé à court terme", a déclaré Jean-René Fourtou. Une déclaration vague, mais qui constitue finalement la seule annonce du jour…

Excuses et justifications

Les dirigeants ont surtout passé leur temps à trouver des raisons et des justifications à la lenteur de leurs avancées.

Tout y est passé. D’abord, "les décisions ne sont pas encore prises". Ensuite, "nous ne sommes pas dans l’urgence". En outre, "il est dans l’intérêt des actionnaires de ne brader aucun actif", d’autant que "les conditions économiques générales ne favorisent pas les transactions actuellement". Sans compter que Vivendi est "un gros paquebot". Et sans oublier que le départ de Jean-Bernard Levy a été "soudain, immédiat et non anticipé"...

Bref, tout cela va prendre "encore plusieurs mois", a conclut Jean-François Dubos

Jamal Henni