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Voile : Un groupe d’entreprises à la barre de la classe Ultim

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- - Yvan Zedda

Classe Ultim 32/23, un collectif d’entreprises réunies autour des plus grands trimarans de sport au monde, a présenté cette semaine à Paris un ambitieux calendrier de courses jusqu’en 2023. L’idée étant d’unir les forces pour promouvoir cette classe de bateaux et dessiner la course au large de demain.

« Ce qui se passe dans ce collectif, c’est, ni plus ni moins, ce qui se passe dans un conseil d’administration », explique Patricia Brochard, dirigeante de Sodebo et présidente de Classe Ultim 32/23. Né en 2013 de la volonté de Banque Populaire, Macif et Sodebo, de promouvoir une catégorie de multicoques hors normes - les Ultim - ce collectif a été rejoint depuis par le Groupe Actual, en 2015, et par le Gitana Team (Groupe Edmond de Rotschild), cette année.

Ces entreprises ont comme point commun de posséder l’un de ces maxi-trimarans de plus de 32 mètres de long, les plus grands et les plus rapides au monde. Leurs dirigeants se voient régulièrement pour discuter de l’élaboration du programme des courses, du secteur et de ses évolutions.

Une approche entrepreneuriale

Les enjeux sont gros, tant en terme financier que technologique. Alors forcément, comme dans les entreprises, les discussions sont vives, parfois. Les skippers, François Gabart (Macif), Thomas Coville (Sodebo), Yves Le Blevec (Actual) et Armel Le Cleac’h (Banque Populaire)*, sont associés aux discussions : « On n’est pas obligés d’être d’accord, raconte Patricia Brochard. On débat, chacun apporte son point de vue, et quand une décision est prise, tout le monde s’y rallie ». La patronne de Sodebo poursuit : « On a essayé d’organiser cette classe d’armateurs avec cette vision et cette approche un peu entrepreneuriale ». Dès le début, pour que cela marche, ils se sont accordés sur « le partage d’une vision, d’un schéma relationnel et de valeurs ».

Le ticket d’entrée dans ce collectif est de 50 000 euros par an. Après, chaque armateur a son propre budget : de 2,5 millions d'euros sur quatre ans pour Sodebo, à 5,5 millions d'euros sur quatre ans pour Macif, hors coût des bateaux. Pour le nouveau trimaran de Thomas Coville, Sodebo 3, qui a été mis à l'eau mi-mars en Bretagne, on parle d’une dizaine de millions d’euros.

Pour ces entreprises, investir dans cette classe de bateaux est une prise de risque importante. Emmanuel Bachellerie, délégué général de Classe Ultim 32/23, insiste sur le défi que cela représente de faire naviguer en course, autour de la planète, ces « monstres de technologie et de performance », « tout en carbone ».

En atteste la dernière Route du Rhum, redoutable, avec son lot de casse et de déceptions, qui a contraint les écuries à reporter un certain nombre de leurs projets. « C’est un peu comme quand un industriel décide de lancer un nouveau produit, compare Emmanuel Bachellerie. Cela marche neuf fois sur dix, mais cela ne marche pas toujours... »

Une ambition commune : la communication

Mais le jeu en vaut la chandelle. « On n’est pas des philanthropes », sourit la patronne de Sodebo, qui rappelle que ces armateurs, au-delà de l'aspect sportif, sont liés par « l’ambition commune d’appuyer leur communication ».

Macif, par exemple, investit dans la voile depuis une trentaine d’années. Il y a dix ans, elle a misé sur François Gabart, talentueux et charismatique, et les retombées sont automatiques. Après sa victoire sur le Vendée Globe 2012/2013, le groupe a été désigné assureur préféré des Français et élu sponsor de l’année. Et quand François Gabart a pulvérisé le record du tour du monde en solitaire, en trimaran, en 42 jours, le retour sur investissement, aussi, a été conséquent: la Macif fait état de 21 millions d’euros d'équivalence publicitaire, du 1er septembre au 31 décembre 2017 et de 21h d'antenne TV (citation et/ou visibilité) entre le 1er septembre et le 31 décembre 2017.

La voile profite à l’image et à la notoriété du groupe mutualiste et elle lui permet d’attirer de nouveaux clients : « On est persuadés que la voile rapporte des contrats, mais on ne sait pas combien », reconnait Jean-Bernard Le Boucher, directeur des activités mer du Groupe Macif, qui prévoit de publier des chiffres de plus en plus précis en terme de retour sur investissement.

« On va tout faire pour y arriver! »

Cette semaine, à Paris, le collectif Classe Ultim 32/23 a présenté un programme de courses ambitieux jusqu’en 2023, avec des rendez-vous traditionnels (Tour de Belle-Île, Armen Race, Route du Rhum...), des records, des tours du monde en équipage et, en point d’orgue, un tour du monde en solitaire...

Au premier semestre 2021, il y aura aussi The Arch, un tour de l’Europe, qui partira de Hambourg, et au cours duquel les armateurs prévoient d'embarquer des groupes d’entrepreneurs... L’idée, de plus en plus, c’est de « donner du sens », précise Emmanuel Bachellerie.

Le calendrier est ambitieux. « On va tout faire pour y arriver », assure Jean-Bernard Le Boucher. Pour Patricia Brochard, c’est « important d’avoir un programme sur le long terme, en matière de visibilité et d’image, et cela peut donner envie à d’autres armateurs » de rejoindre le collectif. Macif, qui va vendre son trimaran actuel au début de l’année prochaine, espère ainsi qu’il va être racheté par un armateur qui souhaiterait, à son tour, s’engager dans la Classe Ultim’.

*Le Team Gitana s’est séparé de Sébastien Josse en ce début d’année.