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Voiture autonome: l’étau se resserre autour d’Uber

Uber s'est vu retirer son agrément pour tester des voitures autonomes en Arizona.

Uber s'est vu retirer son agrément pour tester des voitures autonomes en Arizona. - Volvo

L’Etat d'Arizona a interdit lundi la circulation des véhicules autonomes d'Uber après un accident mortel la semaine dernière. Des documents révélés par le New York Times interrogent sur la réelle capacité de l'entreprise de transport à faire rouler ses prototypes de voitures autonomes sur route ouverte.

"J'ai trouvé cette vidéo choquante et inquiétante et elle soulève de nombreuses questions quant à la capacité d'Uber à continuer les tests", s'est ému le gouverneur d’Arizona, Douglas Ducey après la diffusion par la police de Tempe (Arizona) de la vidéo de l'accident mortel impliquant un prototype de voiture autonome. 

Tellement de questions qu'il a suspendu lundi l'autorisation donnée à Uber de tester sa flotte de Volvo XC90 transformés en voitures sans chauffeur sur les routes de l'Etat. La décision a été notifiée à l'entreprise de transport par un courrier adressé à son directeur exécutif, Dara Khosrowshahi. 

Les procédures de tests posent question 

Depuis l'an dernier, L'opérateur de mobilité a fait de la région de Phoenix sa principale zone de tests. Et pour cause, l'Etat est très accueillant avec cette technologie. Une voiture autonome y est en effet considérée comme un véhicule normal qui peut évoluer, avec un superviseur, sur n’importe quel type de route, sans procédure de tests particulière. Une réglementation souple poussée par Douglas Ducey lui-même pour attirer les entreprises. Selon Les Echos, 600 voitures autonomes circulent sur les routes d'Arizona. 

Or, des documents internes d'Uber, que s’est procuré le New York Times, semblent souligner que la technologie mise au point par l'entreprise pour faire rouler ses Volvo XC90 n’était pas vraiment au point. Les voitures d'Uber seraient incapables de rouler plus de 21 kilomètres sans intervention humaine, là où celles de son concurrent Waymo (Google) peuvent rouler 9000 kilomètres. 

Des témoignages recueillis également par le New York Times laissent entendre que la tension semble palpable autour de la division voiture autonome d'Uber depuis l'arrivée à la tête de la société de Dara Khosrowshahi, fin août.

Des inquiétudes sur la concentration des superviseurs

Selon ces sources, le nouveau patron d’Uber aurait un temps envisagé de suspendre les tests ne percevant pas cette nouvelle technologie comme essentielle. Depuis, les équipes semblaient cravacher pour prouver l’intérêt de leurs travaux, avec une volonté de la direction d'aller très vite.

L'objectif était de mettre sur le marché un service de voitures autonomes à la fin de l'année. Dara Khosrowshabi devait effectuer une visite en avril à Phoenix pour tester une voiture sans chauffeur, un rendez-vous qui a depuis été annulé, non suite à l’accident, selon un porte-parole d'Uber.

Pour intensifier les tests, Uber est passé de deux superviseurs à un seul par voiture. Si Waymo procède également ainsi dans certains cas, les employés d’Uber se seraient alarmés de ces changements pour des raisons de sécurité. Principale inquiétude, la capacité à rester concentrés pendant de longues heures… Or, la vidéo de l’accident montre que la conductrice ne regardait pas la route et ne semblait pas avoir les mains sur le volant.

"Cette collection de mauvaises nouvelles autour d’Uber induit une certaine réputation de la société dans l’esprit des gens, explique au New York Times Michael Ramsey, analyste automobile au cabinet Gartner. Toutes les autres sociétés travaillant sur la voiture autonome, auront aussi mauvaise presse pendant quelques temps, mais on leur pardonnera. Pour Uber, ce sera plus dur à surmonter".

Le système anti-collision du SUV aurait pu intervenir

D’autant plus dur que selon Bloomberg, le système anti-collision de base installé par Volvo sur les XC90 utilisés par Uber aurait pu éviter l'accident. Aptiv, la société qui produit radar et caméra à Volvo et Mobileye, qui lui fournit des capteurs, ont expliqué que le système en place sur le SUV devait avoir été désactivé. Mobileye a ainsi testé la vidéo mise en ligne par la police, et selon la société israélienne, ses capteurs et logiciel auraient détecté la victime. Pour Aptiv, cela montre que le système avait bien été déconnecté.

Pauline Ducamp