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Transports

Les voitures avec chauffeur handicapées par rapport aux taxis

Le gendarme de la concurrence avait estimé qu'une telle mesure serait "défavorable aux consommateurs"

Le gendarme de la concurrence avait estimé qu'une telle mesure serait "défavorable aux consommateurs" - -

Le gouvernement a signé un décret imposant un délai de réservation de 15 minutes aux voitures de tourisme avec chauffeur. Une mesure destinée à calmer la grogne des taxis.

Les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) devront bien respecter à partir du 1er janvier un délai de 15 minutes entre la réservation et la prise en charge du client, selon un décret paru samedi 28 décembre au Journal officiel.

"Ce délai permet de mieux distinguer l'activité de ces véhicules de celle des taxis, seuls habilités à circuler en quête de clients sur la voie publique", fait valoir le décret signé par les ministres Sylvia Pinel (Artisanat, commerce, tourisme) et Manuel Valls (Intérieur), malgré des critiques de l'Autorité de la Concurrence la semaine dernière.

Calmer les taxis

Comme annoncé par le gouvernement en octobre, le texte prévoit deux exceptions: "les prestations de transport de VTC réservées par des exploitants d'hôtels 4 et 5 étoiles au départ de leur établissement ou par des organisateurs de salons professionnels lorsqu'il existe un service permanent de prise en charge des véhicules des clientèles concernées".

Sans enseigne lumineuse, les VTC peuvent être réservés pour une course mais n'ont en aucun cas le droit de prendre des passagers "à la volée" dans la rue, prérogative qui relève toujours du monopole des taxis. 

Les VTC se sont multipliés dans l'Hexagone dans la foulée d'une loi de 2009 pour la modernisation des services touristiques et de l'essor des smartphones et de la géolocalisation.

Avec cette mesure, le gouvernement espère calmer la grogne des taxis (pas concernés par ce décret, y compris les radio-taxis) qui voient d'un mauvais oeil cette nouvelle concurrence qu'ils jugent déloyale.

Critiques du gendarme de la concurrence

L'Autorité de la Concurrence avait critiqué le décret en préparation, en soulignant notamment que les radio-taxis fonctionnent eux aussi sur réservation.

Il y aurait donc selon l'Autorité "distorsion de concurrence ayant des conséquences très négatives sur l'activité économique des sociétés de VTC". Une telle situation serait "défavorable aux consommateurs", soulignait-elle dans son avis du 20 décembre.

Le développement des VTC "est susceptible de rééquilibrer la demande et l'offre de transports particuliers et de permettre une diversification de cette dernière", surtout en région parisienne où il existe une pénurie, soulignait également le gendarme de la concurrence.

Des sociétés de VTC (Uber, Chauffeur-prive.com, etc.) ont déjà prévenu qu'elles attaqueraient le décret, qui est en revanche défendu par les sociétés de taxis.

J. H. avec AFP