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Voitures de collection: le retour à la raison

Des tarifs plus raisonnables, de belles opportunités mais surtout plus de passion, le marché de la collection veut se racheter une âme.

Des tarifs plus raisonnables, de belles opportunités mais surtout plus de passion, le marché de la collection veut se racheter une âme. - Jacques Demarthon - AFP

Après des années de folie financière, le marché de la collection s’est stabilisé. Et cherche aujourd’hui à attirer de nouveaux collectionneurs en mettant en avant la passion et des tarifs raisonnables.

"Le juste prix", voilà comment pourrait être désormais surnommé le marché de la voiture de collection. Si les records font chaque semaine les gros titres, comme la vente pour 6,15 millions d’euros de la Peugeot la plus chère de l’histoire le 06 novembre aux Etats-Unis, les tarifs ont au global retrouvé une véritable stabilité. Exit les spéculateurs, (re)bonjour les collectionneurs.

Exit la spéculation

"Le marché s’est nettement calmé, résume Pierre Novikoff, directeur adjoint de la maison Artcurial Motors. Une Ferrari Testarossa par exemple, qui valait 50.000 euros en 2012, était annoncée à 130 ou 140.000 euros fin 2015. Aujourd’hui elle est à 100.000 euros".
"En France, la voiture de collection est l’un des derniers investissements qui n’est pas taxé. Par ailleurs, avec l’effondrement de l’immobilier à la fin des années 2000, les spéculateurs s’étaient engouffrés sur ce marché de la collection. Ils en sont aujourd’hui partis", poursuit Oliver Camelin, expert automobile chez RM Sotheby’s.

Multipliés par 3 ou 4 en quelques années par les investisseurs, les prix sont redescendus à des niveaux plus en adéquation avec la véritable valeur des véhicules mis en vente. "Le prix de la Ferrari Testarossa a doublé en 5 ans, mais désormais les acheteurs sélectionnent plus, ajoute Pierre Novikoff. Le marché est redevenu un marché d’acheteurs". Quitte à ce que certains investisseurs laissent leurs voitures de collection sous une housse, au garage, dans l’attente de retrouver des prix plus élevés.

Des prix plus en adéquation avec la qualité des modèles

Les amateurs d’anciennes ne sont en effet plus prêts à acheter n’importe quoi. Le trio gagnant des années fastes, Ferrari, Mercedes, Porsche, continue de bien se vendre, lorsque des modèles exceptionnels comme une Porsche 911 turbo ou une Ferrari Testarossa dans un état superbe se présentent.

"Il y a toujours de très belles ventes sur des modèles d’avant-guerre, des sportives ou encore des youngtimers", confirme également Maxime Lepissier. C’est sa maison de vente qui animera ce dimanche à 14 heures [10 décembre, ndlr]) la très belle vente de 65 modèles du Conservatoire Citroën. Avec une envie: proposer des voitures à forte dose historique mais à des prix accessibles. Aucun des 65 véhicules mis en vente ne sera en effet présenté avec un prix de réserve.

Une vente dédiée aux modèles à moins de 25.000 euros

Après les années "fric", le monde de la collection veut avant tout remettre en avant la passion, et une passion accessible à toutes les bourses. Selon François Melcion, directeur du salon Rétromobile, la grande majorité des voitures de collection (de plus de 30 ans comme des youngtimers, ces anciennes récentes) se négocie sous la barre des 25.000 euros. D’où l’idée de leur réserver un espace de vente dédié lors de la prochaine édition du salon, du 7 au 11 février 2018 à Paris, Porte de Versailles.

"Rétromobile avait une image de salon réservé aux voitures très chères, explique François Melcion. Tous les grands collectionneurs viennent nous voir, mais on trouve aussi beaucoup de voitures à 40 ou 50.000 euros. Et aussi de nombreuses offres à moins de 25.000".

Dans cette gamme de prix, voire à des tarifs moins onéreux, se trouvent des petits cabriolets britanniques comme les MG-B ou Triumph, de grandes berlines allemandes comme des BMW 728i ou 750i ou encore de petites voitures populaires plus anciennes comme la Peugeot 403. Ce dernier modèle peut se trouver à moins de 5.000 euros. "Il n’y a pas de spéculation sur ces modèles", précise François Melcion.

Selon les derniers chiffres de la Fédération Française des Véhicules d'Epoque (FFVE), 800.000 voitures de collection, soit 1,5% du parc, sont en circulation en France. Environ 4.000 professionnels travaillent dans ce secteur qui brasse 4 milliards d'euros.

Pauline Ducamp