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Volkswagen: l’incroyable affront de Skoda à Audi

Au premier semestre, la marge opérationnelle de Skoda dépasse celles de Volkswagen et d'Audi, pourtant vache à lait financière du groupe VW.

Au premier semestre, la marge opérationnelle de Skoda dépasse celles de Volkswagen et d'Audi, pourtant vache à lait financière du groupe VW. - François Nascimbeni - AFP

La marque tchèque bat tous ses records de vente et dans la galaxie de Volkswagen, elle est désormais plus rentable qu’Audi, la vache à lait historique du groupe. Explications.

Et si le futur de l’automobile allemande se trouvait en République Tchèque? Et plus particulièrement chez Skoda? Au premier semestre, cette filiale du groupe Volkswagen a enregistré un record de ventes historique, avec 570.000 exemplaires écoulés sur la période. La marque tchèque a surtout engrangé une marge opérationnelle jamais atteinte, à 9,6% et s’offre ainsi le luxe de dépasser Audi (8%), pourtant vache à lait financière du groupe, faisant désormais deux fois mieux que la marque Volkswagen (4,9%), plombée notamment par le dieselgate. "Ce qui marche très bien chez Volkswagen aujourd’hui, ce sont les marques Porsche et Skoda", résume Georges Dieng, senior analyste chez Natixis. Soit le luxe et l’entrée de gamme.

La Superb, symbole de ce succès

Un modèle incarne ce succès: la Superb. Cette grande routière, lancée au salon de Genève (Suisse) en mars 2015, regroupe toutes les forces de Skoda. Elle est tout d’abord bâtie sur la plateforme modulaire MQB, véritable mécano technique et industriel. "Skoda bénéficie de la politique d’organes commune du groupe", souligne Gaëtan Toulemonde, de la Deutsche Bank. Près de 45% de la production de Skoda repose aujourd’hui sur MQB, contre moins de 30% chez VW.

Par ailleurs, aucun développement technique n’est réalisé spécialement pour la marque et ses usines sont implantées dans des pays à coûts réduits. L’usine de Kvasiny (République Tchèque), qui produit la Superb, fabrique ainsi des véhicules moins chers que Seat, dans son usine espagnole de Martorell. Tellement moins coûteux que c’est sur ce site que sera produit le nouveau SUV de Seat, l’Ateca.

Des investissements dans les SUV, l'électrique et demain peut-être les Etats-Unis

Plébiscitée par les journalistes lors de sa sortie, la Superb l’est aussi par le public. En particulier les taxis. "Skoda est réputée pour la robustesse de ses modèles, mais aussi pour son habitabilité, d’où la part grandissante de Skoda chez les chauffeurs de taxis, poursuit George Dieng. La gestion de l’espace intérieur est meilleur chez Skoda que chez VW par exemple". 70.500 Superb ont ainsi été écoulées au premier semestre dans le monde, dans un catalogue allant de 23.450 euros à plus de 45.000 euros pour la version la mieux équipée en France.

Cette équation coûts contenus/habitabilité/prix raisonnable se retrouve dans le nouveau SUV kodiaq, qui sera présenté au Mondial de Paris début octobre. Skoda entre ainsi sur ce segment très porteur et présentera d’ici 2019 trois nouveaux modèles, de quoi séduire de nouveaux clients. Et le constructeur voit encore plus loin, avec ses projet dans la motorisation électrique et l'ambition de s'imposer sur de nouveaux marchés prometteurs, comme l'Inde ou l'Iran. Avec sa nouvelle gamme de SUV, Skoda songerait même à débarquer aux Etats-Unis. Pour réussir là où Volkswagen a échoué?

Skoda, une marque que Renault rêvait d'acheter en 1991

Signe ultime de la qualité des modèles tchèques: en Allemagne, pays référence pour les berlines, l’Octavia était le sixième modèle le plus vendu en 2015. "Sans être un sous-Volkswagen, Skoda offre un excellent qualité-prix à des clients qui sont moins attentifs au marque", explique George Dieng.

Pour la petite histoire, au début des années 90, Renault était sur les rangs pour racheter Skoda et s’est finalement fait doubler par VW. Dix ans plus tard, le Français n’a pas commis une seconde fois la même erreur. Il n’a pas laissé passer la marque roumaine Dacia.

Pauline Ducamp