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Pourquoi le jargon professionnel est bien plus utile qu'on ne le pense

Ces anglicismes et autres termes typiquement corporate qui fusent dans les open space vous font rire ou pleurer? Mais n'oublions jamais que le jargon est une langue business très efficace si elle est bien utilisée.

"Brainstorming", "dans le pipe", "une prez"... Ces mots que vous ne prononceriez jamais dans un diner de famille, vous les utilisez à longueur de journée dans l'open space.

Au fond, qu'est-ce que le jargon? Le fondateur du site “Use sparingly”, qui traduit tout un tas d’expressions corporate, en donne une définition intéressante. Pour lui, c’est “un dialecte professionnel massivement parlé… mais très peu compris". Sa mauvaise réputation vient peut-être de là. Beaucoup de monde assimile ces expressions "corporate" à une surenchère d’anglicismes qui servent à se faire mousser, à faire rougir le stagiaire qui a osé demandé ce que voulait dire PPT. (Alors qu’on sait tous que c’est le surnom de power point).

Le jargon, une langue à part entière

Il y a de cela. Mais le jargon fait office de cible facile. À force de s’en moquer, on en oublie qu’il est surtout très utile. C’est ce qu'explique le professeur américain Andy Molinsky. Selon lui, lorsqu'il est bien utilisé, le jargon rend la communication efficace. Il permet de gagner du temps. Et puis il peut vous être pratique lorsque vous manquez de mots. Par exemple, votre patron vous noie sous les dossiers? Expliquez-lui que votre “bande passante est surchargée". Vous marquez votre point, et en plus, vous démontrez que vous parlez le langage de l'entreprise!

Attention, pour que l'usage du jargon rende service, il faut que votre interlocuteur parle le même que vous. Sinon, vous risquez de provoquer la même réaction que ce journaliste de Quartz. Invité dans un salon de start-up, il s’étonne qu’à chaque fois, les entrepreneurs lui débitent un laïus compliqué pour décrire un produit finalement assez simple. Comme cet entrepreneur, qui fait des montres sur mesure, mais qui lui dit avoir créé “une marque disruptive avec une technologie de personnalisation à la pointe et une plateforme de contenu original”.

Conclusion du journaliste: les start-up jargonnent pour donner à leur business une image plus excitante. Sauf que du coup, plus personne ne comprend ce qu’elles font !

Nina Godart