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Wezzoo, la start-up qui transforme les parapluies en relais météo

Le parapluie Oombrella est connecté en bluetooth au téléphone de son propriétaire.

Le parapluie Oombrella est connecté en bluetooth au téléphone de son propriétaire. - Oombrella

"Cette start-up parisienne recueille les données météo grâce à un parapluie innovant. Ses propriétaires bénéficient ainsi d'une information en temps réel sur l'évolution d'un épisode pluvieux. Une information également vendue à des assureurs, des constructeurs automobiles et des publicitaires."

S’il y a des Français qui se réjouissent de la pluie qui n’en finit pas de tomber dans la plupart des régions de l'Hexagone, ce sont bien les membres de la petite équipe de Wezzoo. Cette start-up a fait de l’analyse météorologique son business et commence à commercialiser un parapluie connecté. L’objet tombe à pic, au moment où la pluviométrie bat des records en France.

Doté d’une puce électronique de la taille d’une pièce de 2 euros, ce parapluie nouvelle génération communique en bluetooth avec le smartphone de son propriétaire. Plus de risque de l’oublier dans un restaurant: l’application envoie une notification au propriétaire dès qu’elle perd le signal. Pour le prêter, il suffit de désactiver temporairement l’application sur le téléphone du propriétaire et de la télécharger sur celui de l’emprunteur.

Plateforme de prévision communautaire 

Mais, dotée de quatre capteurs, la puce sert surtout à collecter quatre types de données: la température, la luminosité, la pression et l’humidité ambiante. Récupérées par l’application installée sur le téléphone, ces données sont ensuite transmises automatiquement sur l’espace de stockage à distance de Wezzoo. C'est ainsi qu'elles alimentent les prévisions de sa plateforme communautaire de description hyper localisée de la météo. Celle-ci compte 200.000 utilisateurs à ce jour.

Les informations circulent aussi dans l’autre sens puisque les données de cette plateforme alimentent l’application, qui prévient le propriétaire du parapluie s’il doit l’emporter avec lui parce que la pluie s’apprête à tomber dans la zone où il se rend.

"Ce parapluie ajoute une nouvelle source d’information à notre base de données, déjà alimentée par les utilisateurs de la plateforme, grâce aux données recueillies par d’autres objets connectés (via des partenariats), l’open data et l’analyse des conversations sur les réseaux sociaux. C’est en croisant ces données que nous créons de la valeur", explique Clément Guillot, cofondateur de la start-up.

Des promotions ciblées?

Celle-ci base son modèle économique sur l’analyse des données météorologiques collectées. La vente des parapluies génère un complément de revenus mais l’objectif est surtout de pouvoir valoriser ces données en temps réel, auprès d’autres entreprises. "Nous discutons avec des acteurs de l’automobile, des assureurs et des régies publicitaires. Ils sont intéressés par notre technologie d’analyse de données météorologiques", confie Clément Guillot.

Il s’agirait notamment de diffuser des promotions ciblées en fonction de la géolocalisation pour des produits dont la consommation est climato-sensible. Exemple: 30% de réduction sur les chocolats chauds du café du coin. À terme, l’audience géolocalisée de l’application pourrait aussi être monétisée par des publicités ou un modèle freemium, dans lequel l’utilisateur devra payer pour obtenir des informations complémentaires.

Livraison à partir de cet automne

Pour l’instant, cet "Oombrella" n’est pas encore en vente dans le commerce. On doit le commander via la plateforme de financement participatif Indiegogo, sur laquelle Wezzoo mène une campagne. Les parapluies devraient être livrés à l’automne. "Nous négocions actuellement la distribution en ligne, sur Amazon notamment, et dans des points de vente physiques en Europe du nord, en Amérique du nord, au Japon et en Corée", précise cet ancien de L'Équipe, qui espère avoir défini son réseau de distributeurs d’ici à cet automne.

Le prix public envisagé est de 79 euros. Ceci correspond au prix moyen d’un parapluie haut de gamme fabriqué en France, du niveau de ceux commercialisés par Piganiol ou Ayrens par exemple. "Oombrella" devrait d’ailleurs lui aussi être fabriqué en France à grande échelle, au-delà des quelques prototypes déjà existants. Des recherches de fournisseurs sont en cours. La start-up espère aussi boucler une nouvelle levée de fonds en début d’année prochaine.

Fondée en 2012, Wezzoo vise un chiffre d’affaires de "plusieurs dizaines de milliers d’euros" grâce à ces parapluies d’ici à la fin 2017. "Cela dépendra des négociations avec les distributeurs", conclut l'entrepreneur.

Clément Guillot était intervenu dans l'émission Tech&Co le 10 décembre 2015 :

Adeline Raynal