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Entreprises : l’angoisse de la perte irréversible de données

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La disparition de données critiques constitue une menace de plus en plus prégnante dans les organisations. D’autant plus que les pertes et les dysfonctionnements prennent de l’ampleur, a mesure que le volume explose.

La donnée, c’est aujourd’hui l’or noir des entreprises. Avec le Big Data et l’intelligence artificielle, l’exploitation de données de plus en plus massives permet d’adapter son offre, d’anticiper les demandes des clients, de revoir ses process etc. C’est un enjeu essentiel de la transformation numérique.

Ainsi, en 2018, les entreprises mondiales ont géré en moyenne 9,70 pétaoctets (Po) de données, soit une croissance de 569% par rapport aux 1,45 Po de 2016. En France, la croissance est encore plus forte (+701%).

Mais d’un autre côté, la manipulation de ces données reste délicate, tout comme leur stockage.

Les perturbations mais surtout la perte irréversible de données devient donc une menace de plus en plus forte alors que les enjeux prennent de l’ampleur.

Les interruptions imprévues des systèmes sont les perturbations les plus courantes pour 43% des entreprises mondiales interrogées par Vanson Bourne pour Dell (2200 décideurs informatiques issus d’entreprises privées et publiques de plus de 250 salariés dans 18 pays et 11 secteurs d’activité).

Mais surtout, 27% affirme avoir connu une perte « irréversible », soit près du double par rapport à 2016. Ce taux atteint même 39% en France, c’est plus que l’Allemagne (32 %) et le Royaume-Uni (20 %).

39% des entreprises françaises touchées par une perte irréversible

Ces pertes ont différentes origines : piratage extérieur (32%) mais surtout mauvaise infrastructure de stockage ou de protection. D’ailleurs, 76% des entreprises interrogées utilisent au moins deux fournisseurs de protection des données, les rendant plus susceptibles d’être confrontées à une perturbation. Du coup, 45% des entreprises peinent à trouver des solutions de protection des données adaptées.

« La protection des données est encore plus difficile pour les entreprises eu égard au volume généré et à l’importance qu’elles représentent pour les activés des entreprises. Si les incidents et perturbations se produisent fréquemment, le nombre croissant de pertes irréversibles de données est lui alarmant », peut-on lire.

Si les interruptions de service peuvent coûter cher, la perte de données est beaucoup plus coûteuse. « Par exemple, ceux qui ont connu des temps d'arrêt, ont subi en moyenne 20 heures d'indisponibilité au cours des 12 derniers mois, pour un coût de 526 845 dollars, tandis que ceux qui ont perdu des données ont perdu 2,13 To en moyenne, soit l’équivalent de 1 million de dollars », avancent les auteurs de l’étude.

Concernant la France, les pertes financières « restent limitées », les indisponibilités et la perte de données ayant respectivement coûté 382 129 et 493 370 dollars sur la même période. De plus, la plupart des entreprises ayant connu une perturbation ont également indiqué que les répercussions sur leur activité avaient été importantes. L’effet domino est implacable.

« Les défis présentés par les technologies émergentes et la croissance rapide des données commencent tout juste à prendre forme. Ainsi, seules 16% des entreprises estiment que leurs solutions actuelles de protection des données seront en mesure de relever tous les défis futurs. En Europe, si le Royaume-Uni (14 %) et l’Italie (28 %) sont en adéquation avec cette moyenne, la confiance est encore plus timide du côté français (8 %) » souligne Dell.

Et si la protection des données est un enjeu essentiel pour les entreprises, leur valorisation pose tout autant question. Si 80 % des entreprises françaises sont conscientes de la valeur de leurs données, seulement 20 % les monétisent. Un taux nettement inférieur à ceux du Royaume-Uni (44 %) et des Etats-Unis (54%), la moyenne mondiale atteignant 36%.

Olivier CHICHEPORTICHE