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La BPI veut pousser les entreprises allemandes à investir en France

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- - AFP

L’établissement public veut lancer un fonds dédié destiné aux entreprises de taille moyenne. Il s’agit de rétablir une balance largement à l’avantage des investissements français outre-Rhin.

En 2018, les entreprises françaises (de toutes tailles) ont investi 16 milliards d’euros en Allemagne alors que les firmes allemandes ont mis sur la table seulement 12 milliards. Rapporté au PIB, cela équivaut à 0,7% dans le premier cas et seulement 0,4% pour l’économie française.

Comment alors réduire ce déficit ? La BPI (Banque publique d’investissement) a sa petite idée et annonce sa volonté de lancer un fonds dédié afin d’inciter les entreprises allemandes de taille moyenne d’investir dans nos contrées. « On veut favoriser les investissements du Mittelstand allemand en France », a expliqué Pascal Lagarde, directeur exécutif de Bpifrance chargé de l'international.

La BPI cherche donc un partenaire institutionnel pour créer un fonds de capital investissement pour soutenir la croissance des entreprises industrielles de taille intermédiaires (ETI) actives sur les deux marchés.

Il ne s’agit pas de viser les grands groupes allemands, déjà bien implantés en France, mais plutôt le colossal tissu des PME de tailles intermédiaires qui « est très peu investi en France », tandis que les ETI, « s'ignorent et ne se parlent pas vraiment », ajoute le responsable.

L’Allemagne compte 2,4 fois plus de PME et d’ETI que la France

Selon les chiffres officiels, si la France compte 400 000 entreprises de plus que l’Allemagne au global, l’Allemagne dispose de 2,4 fois plus de PME et d’ETI que la France.

Ces entreprises ont longtemps misé sur la Chine et les Etats-Unis mais « on a au niveau du gouvernement allemand un recentrage sur des thématiques très proches de la politique industrielle française » et une volonté de recentrage sur l'Europe, selon Philippe Mutricy, directeur de Bpifrance qui voit aujourd'hui un « alignement des planètes » favorable aux ambitions de la banque française.

Mais cela n’explique pas tout et surtout le faible niveau d’investissement du Mittelstand en France. La BPI met en avant « des barrières culturelles et linguistiques mais aussi le plus rôle plus faible joué par le capital investissement en Allemagne, où les ETI sont souvent familiales et grandissent par croissance interne ».

Olivier Nass, fondateur d’ESG France et titulaire d’un doctorat en management international en Allemagne voit également dans leur succès « la capacité à innover qui fait exceller les PME allemandes. Il s’agit souvent de « hidden champions », notion développée par Hermann Simon. Ces « champions cachés » qui, sans être mondialement connus, ont réussi à s’imposer comme leaders sur le marché mondial avec une stratégie de spécialisation. Ils se spécialisent dans les produits haut de gamme qui rapportent des marges importantes et leur permettent d’innover davantage et d’améliorer leurs produits de façon continue ».

Olivier CHICHEPORTICHE