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SFR a engrangé des abonnés en 2018 mais au prix fort

Alain Weill, le président directeur-général d’Altice France.

Alain Weill, le président directeur-général d’Altice France. - ERIC PIERMONT / AFP

L’opérateur au carré rouge a notamment profité des difficultés de Free dans le mobile et redevient le numéro deux du marché. Mais cette conquête a un coût.

SFR semble avoir définitivement mangé son pain noir. Commercialement en tout cas. L’opérateur (filiale d’Altice, tout comme BFM Business) a confirmé sa reconquête commerciale en 2018 en profitant notamment des difficultés de Free, surtout dans le mobile.

Le groupe annonce avoir recruté pas moins de 1,3 million d’abonnés l’an passé : dans le mobile son parc atteint 13,5 millions de clients (+178 000 au 4e trimestre, +1,2 million sur l’année) ce qui lui permet de dépasser Free qui en compte 100 000 de moins et ainsi redevenir le numéro deux du marché.

Dans le fixe, le groupe a séduit 330 000 nouveaux clients l'an passé pour un total de 6,2 millions.

« Altice France a regagné plus d'abonnés en 2018 que le nombre de clients perdus au cours des trois dernières années », souligne le groupe dans un communiqué.

Cette reconquête a néanmoins un coût, SFR s’étant lancé, peut-être plus que les autres, dans une agressive guerre des prix. Ainsi, alors que ses concurrents voient leurs chiffres d’affaires annuels augmenter, celui d’Altice recule de 2,9% à, à 14,09 milliards d'euros, avec un Ebitda (excédent brut d'exploitation) ajusté en chute de 8,9% à 5,10 milliards, pour une marge en repli de 1,60 point à 36,1%.

Désendettement

En France, ses ventes refluent de 4,6% sur l'année, à 10,16 milliards d'euros, avec une profitabilité en baisse.

Rappelons que face à l'hémorragie de clients qui a suivi son rachat par Patrick Drahi il y a trois ans, SFR s'est lancé dans une reconquête commerciale passant par d'importants rabais sur ses offres, parfois sans limite de durée.

La maison mère Altice promet néanmoins un chiffre d'affaires en croissance de 3% à 5% cette année, notamment grâce à la croissance soutenue des abonnements en fibre optique (12,3 millions de prises éligibles, +3 millions en un an).

Pour autant, SFR se garde bien de donner le revenu par abonné de ses activités fixe alors qu’il s’est engagé dans une politique ambitieuse de contenus exclusifs et premiums comme la Ligue des Champions de football. Impossible donc de vérifier la pertinence de cette stratégie visant à faire converger tuyaux et contenus.

« Nous voyons d'ores et déjà une inflexion tangible en France et au Portugal, ouvrant la voie à un retour de la croissance en 2019, supportée par notre stratégie sur les infrastructures et les contenus », a assuré le fondateur d'Altice Europe, Patrick Drahi, cité dans un communiqué.

Altice a également voulu rassurer quant à sa dette qui est désormais de 28,8 milliards d’euros, un repli dû à des cessions d’actifs pour environ 4 milliards d'euros (participations dans ses tours mobiles en France et au Portugal) et indiqué vouloir céder une participation dans son réseau portugais de fibre optique.

Il négocie également la vente de 49,9% de l'activité de SFR FTTH qui devrait rapporter 1,7 milliard d'euros au groupe. L’objectif est de ramener la dette à 4 fois l'Ebitda ajusté.

Olivier CHICHEPORTICHE