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Etats-Unis: le «shutdown» le plus long de l'histoire

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- - SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Le «shutdown» qui touche actuellement les Etats-Unis est devenu ce samedi matin le plus long de l'histoire américaine.

Record battu. Depuis 6 heures ce matin, heure de Paris, le shutdown qui paralyse partiellement les administrations fédérales américaines est devenu le plus long de l'histoire. Le précédent record remontait à 1995-1996 sous l'ère Clinton, il avait alors duré 21 jours.

Trois semaines de discussions et toujours pas d'accord en vue entre le président américain et les démocrates. Donald Trump ne lâche rien et réclame toujours 5.7 milliards de dollars pour construire son mur anti-migrants à la frontière mexicaine. Les démocrates y restent farouchement opposés, jugeant ce mur immoral, coûteux et inefficace. Le blocage partiel des administrations fédérales américaines risque donc de durer: Donald Trump a assuré ce vendredi ne pas vouloir déclarer «si vite» la procédure d'urgence nationale.

«La solution de facilité pour moi est de déclarer une urgence nationale», mais «je ne vais pas le faire si vite parce que c'est au Congrès de le faire», a déclaré vendredi le Président américain. Au Congrès, aucun compromis à l'horizon et le Sénat a suspendu sa séance ce vendredi en début d'après-midi. Il ne se réunira pas avant lundi. La procédure d'urgence nationale permettrait au président de puiser dans les fonds militaires d'urgence les crédits nécessaires à la construction du mur. Mais il s'exposerait à des recours en justice et devrait prouver de la réalité de l'urgence. Le précédent remonte au 11 septembre 2001

Des milliers de fonctionnaires privés de salaire

En attendant de trouver une issue, les fonctionnaires doivent se serrer la ceinture. Pour la première fois, les 800.000 fonctionnaires fédéraux affectés par le «shutdown» ne vont pas toucher leur salaire et devront vivre de leurs économies. Depuis le 22 décembre, la moitié d'entre eux jugés «non essentiels», ont été placés en congé sans solde, tandis que l'autre moitié a été réquisitionnée. Si la plupart, payés à la quinzaine, avaient reçu leur chèque fin décembre, ils ne toucheront en revanche pas leur paie vendredi.

La Chambre des représentants a toutefois approuvé à une écrasante majorité ce vendredi une loi, déjà votée par le Sénat, garantissant aux employés fédéraux qu'ils soient payés rétroactivement une fois le «shutdown» terminé. Il revient désormais au président de la promulguer. Les régulateurs bancaires américains, dont la Réserve fédérale (Fed), ont demandé aux institutions financières d'être clémentes envers leurs clients, qui n'ont pas reçu leur paie. « Alors que les conséquences du shutdown du gouvernement fédéral sur ces personnes devraient être provisoires, celles qui ont emprunté risquent de connaître des difficultés temporaires pour payer leurs échéances, que ce soient leurs emprunts immobiliers, leurs prêts étudiants ou leurs cartes de crédits», indique la Fed dans un communiqué, et elle encourage les institutions financières à modifier prudemment les termes des prêts existants ou à pourvoir de nouveaux crédits.

Impact réduit sur l'économie 

Plusieurs ministères essentiels, comme ceux de la Sécurité intérieure, de la Justice ou des Transports, sont touchés par le «shutdown». De nombreuses initiatives privées ou publiques, comme des repas gratuits ou des foires à l'emploi pour les fonctionnaires au chômage technique, sont organisées dans tout le pays. Une manifestation a par ailleurs rassemblé plus de 2.000 employés du gouvernement ce jeudi à Washington, pour exprimer leur inquiétude sur la dégradation de leurs conditions de vie.

De son côté le patron de la Banque centrale américaine a déjà mis en garde: une paralysie prolongée du gouvernement fédéral aurait «un effet notable» sur la première économie du monde. « On estime qu'une semaine de shutdown a un effet sur la croissance de 0,05 % du PIB » , relève Sylvain Broyer, économiste chez Standard & Poor's, cité par Le Figaro, « L'impact direct est faible , mais l'impact indirect pourrait être plus important . »

Sandrine Serais