BFM Business
Guillaume Almeras

Banques et RSE : encore un effort !

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En matière de RSE, les banques s’en tiennent trop à un registre déclaratif, quand il faudrait davantage associer les clients à leurs efforts et à leurs engagements.

Depuis plusieurs années, les banques déploient d’importants efforts quant à leur responsabilité sociale et environnementale (RSE). Cela n’est pas assez souligné sans doute. Pire, cela reste presque inaperçu du public. Pourquoi donc ?

La « finance verte » - qui soutient la transition vers une économie neutre en carbone et résiliente au changement climatique - se développe. Des green bonds ont été émis pour plus de 120 milliards de dollars en 2017, contre 90 milliards en 2016. Le « risque carbone » commence à être intégré dans l’évaluation financière des entreprises. Les banques se sont également mises à proposer des « crédits verts », pour la rénovation de logements par exemple.

Plus largement, la responsabilité citoyenne, en termes de critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance, a gagné une place de plus en plus importante dans la communication des entreprises et des établissements financiers particulièrement. Ces derniers, désormais, s’engagent et c’est nouveau. Avant la Cop 21, par exemple, le Crédit Agricole a décidé de ne plus financer de nouvelles centrales ou extension de centrales électriques au charbon dans les pays à haut revenu et d’introduire progressivement de nouveaux critères d’examen relatifs aux risques climatiques, notamment liés au prix du carbone, sur ses clients et produits. Mieux même, ayant mis sur pieds un dispositif interne de mesure et de pilotage de ses progrès en matière de RSE (FReD), le Crédit Agricole l’utilise désormais pour déterminer un tiers de la rémunération variable de plus de 10 000 collaborateurs au sein du Groupe.

De telles démarches répondent aux attentes des clients, des collaborateurs et des actionnaires. Toutes les enquêtes d’opinion marquent en effet l’importance que la RSE d’entreprise a acquise pour le public et, particulièrement, pour la Génération Y (21-34 ans). Pour autant, la RSE est-elle vraiment à même d’influencer significativement les ventes et la fidélisation – celle des clients comme celle des actionnaires – tout en mobilisant les personnels en interne ? Rien n’est moins sûr !

Dans le cadre d’un sondage, qui donc répondra qu’il n’accorde aucune importance aux impacts environnementaux et sociaux de produits et services qu’il consomme !? Cependant, moins de 10% des Français savent qu’il existe des placements éthiques. Tandis qu’on constate souvent qu’au sein des entreprises les plus ouvertement « engagées », bien plus de la moitié des personnels ne sont pas au courant des actions à dimension RSE menées.

Des initiatives qui se comptent sur les doigts des deux mains à peine...

Certaines enseignes intègrent désormais une option de don lors de leurs encaissements. Arrondis versés à des associations, compensation de l’empreinte carbone… A travers les marques, les clients sont ainsi invités à s’impliquer vis-à-vis de tiers. Or les retours montrent que, passé un premier effet de surprise, de telles options sont rapidement banalisées et délaissées. Exactement comme à force d’entendre la plupart des entreprises se féliciter de mesures quasi identiques (sans éviter la plupart du temps, il faut le reconnaître, une solide langue de bois !), les communications finissent par ne plus être écoutées du tout.

Si l’intérêt du public pour les problématiques RSE est patent, son implication ne doit pas être estimée de même niveau. Ce qui signifie qu’il ne s’agit pas tant de convaincre que de provoquer et d’accompagner des changements d’habitudes. En d’autres termes, les banques s’en tiennent sans doute trop à un registre déclaratif, quand il faudrait davantage associer les clients à leurs efforts et à leurs engagements.

Seulement, à cet égard, au-delà de les inviter - comme tout le monde - à accorder des dons ou un soutien, les initiatives proprement financières se comptent sur les doigts des deux mains à peine : choix d’affectation de son épargne (Crédit Coopératif), compte CO2 (Crédit Mutuel Arkéa), quelques solutions (encore timides) liées à l’économie du partage (Ford Credit Link, par exemple) ou à la finance participative à dimension sociétale (Spear),…

L’enjeu est pourtant bien de rendre le public actif. D’abord pour éviter que, noyée sous un déluge d’engagements et de déclarations la plupart du temps quasi identiques de la part d’une multitude d’intervenants, la RSE, assez vite, n’intéresse plus grand-monde. Ce qui serait certainement désastreux, d’un point de vue citoyen.