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Philippe Crevel

L’inflation, l’arlésienne

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- - Denis Charlet - AFP

Pour le mois de mai, le taux d'inflation annuel de la zone euro a été, selon Eurostat, estimé à 1,2 % en mai 2019, contre 1,7 % en avril.

Des taux d’intérêt historiquement bas dans les pays du cœur de la zone euro, le plein emploi dans un nombre croissant d’États membres, un plan de relance du pouvoir d’achat qui masque à peine son nom en France… Et pour autant, l’inflation reste aux abonnées absentes.

Pour le mois de mai, le taux d'inflation annuel de la zone euro a été, selon Eurostat, estimé à 1,2 % en mai 2019, contre 1,7 % en avril. S'agissant des principales composantes de l'inflation de la zone euro, l'énergie devrait connaître le taux annuel le plus élevé en mai (3,8 %, comparé à 5,3 % en avril), suivie de l'alimentation, alcool et tabac (1,6 %, comparé à 1,5 % en avril), des services (1,1 %, comparé à 1,9 % en avril) et des biens industriels hors énergie (0,3 %, comparé à 0,2 % en avril).

Pour les prochains mois, toute chose étant égale par ailleurs, l’inflation devrait poursuivre son ralentissement. Elle pourrait se situer entre 0,8 et 1 % au sein de la zone euro à l’entrée de l’automne.

L’inflation demeure faible en raison de la non-transmission des augmentations des prix sur les salaires. Les investisseurs n’anticipent pas de progression des prix. Cela se traduit notamment sur les taux d’intérêt à dix ans qui sont historiquement bas. La forte augmentation des masses monétaires en circulation du fait des politiques monétaires non conventionnelles mises en œuvre ces dernières années, ont eu peu d’effet sur les prix. Cet accroissement a été en partie thésaurisé en liaison avec le durcissement des contraintes de fonds propres imposées au secteur financier. Par ailleurs, l’augmentation de la masse monétaire s’est accompagnée d’une envolée de la valeur de certains actifs, immobiliers essentiellement mais sans effet de contamination sur les biens et sur les revenus.

Par ailleurs, en raison des capacités de production élevées, le prix des produits industriels est orienté à la baisse d’autant plus que la demande croît moins vite que prévu. La diminution de l’inflation constatée ces derniers mois est imputable à un recul du cours des produits énergétiques dont le pétrole. S’il se confirmait, le ralentissement potentiel de l’économie mondiale devrait peser sur la demande de pétrole et donc sur son cours.

Philippe CREVEL