BFM Business
Philippe Crevel

Les entreprises de taille intermédiaire à la recherche de capitaux

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Les entreprises françaises souffrent toujours d’une insuffisance de fonds propres. Les Français demeurent assez averses aux actions en matière de placements financiers.

Depuis la crise de 2008, les entreprises françaises recourent de plus en plus au marché pour se financer. Cette évolution concerne en premier lieu les entreprises de taille intermédiaire françaises. Une entreprise de taille intermédiaire (ETI) est une entreprise qui, d’une part, a un effectif inférieur à 5 000 personnes et, d’autre part, a un chiffre d’affaires annuel inférieur à 1,5 milliard d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 2 milliards d’euros, et qui n’est pas une PME. L’INSEE dénombrait près de 5 800 ETI en 2015.

Le poids des capitaux propres dans le total du passif des ETI est passé de 36 % en 2006 à 39 % en 2016 (+ 3 points). Ce phénomène est plus net au sein des PME (+ 7 points). Cette montée en puissance des fonds propres conduit à une convergence des PME et ETI vers les grandes entreprises, avec un poids des capitaux propres identique en 2016 pour toutes les tailles d’entreprises.

En matière de financement, les crédits bancaires reculent pour les ETI. De 2006 à 2016, leur poids est passé de 81 à 68 %. Pour les PME, l’évolution est bien mesurée (83 % en 2016 contre 86 % en 2006). Le financement bancaire est également en baisse pour les grandes entreprises (29 % en 2016 contre 39 % en 2006).

Le poids des crédits fournisseurs dû aux délais de paiement est également en recul. Pour les ETI, ces derniers sont passés de 70 jours d’achat en 2006 à 62 jours en 2016.

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Malgré tout, les entreprises françaises souffrent toujours d’une insuffisance de fonds propres. Les Français demeurent assez averses aux actions en matière de placements financiers.

Les derniers chiffres de la Banque de France sur l’épargne des ménages soulignent que le changement des comportements en la matière sera long. Selon la Banque de France, le patrimoine des ménages a atteint 5106,9 milliards d'euros au 2e trimestre 2018 contre 5038,8 milliards d'euros au 1er trimestre.

Sur cette période, le flux annuel de placement des ménages s’établit à 86,8 milliards, en baisse par rapport au trimestre précédent (99,9 milliards). Les Français conservent un volume croissant de liquidités. En effet, en rythme annuel, les acquisitions nettes d’actifs sous forme de produits de taux augmentent (67,7 milliards après 60,2 milliards), principalement en raison de la hausse du flux de numéraire et dépôts à vue (40,4 milliards après 33,4 milliards). En revanche, sur un an, les flux d’actifs sous forme de produits de fonds propres diminuent de 12,2 milliards (17,2 milliards après 29,4 milliards). Les ménages continuent de céder des actions cotées et des titres d’Organismes de Placement Collectif. 

Les premiers éléments pour le troisième trimestre, en glissement trimestriel, montrent une moindre croissance des placements bancaires (15,3 milliards après 23,1 milliards) et une accélération de l’assurance-vie en support euros (9,7 milliards d'euros contre 6,4 milliards d'euros). Les dépôts à vue et le numéraire ont progressé de 9,1 milliards d'euros au 3e trimestre contre 14 milliards d'euros au 2e trimestre. Les flux vers les unités de compte des contrats d'assurance vie sont en retraite (3,9 milliards d'euros au 3e trimestre contre 6,2 milliards d'euros au 2e).

Cette préférence pour la liquidité est une constante depuis la crise de 2008. L’encours des dépôts à vue s’est accru de plus de 200 milliards d’euros en dix ans. Les dépôts à vue s’élevaient à la fin du mois de septembre, plus de 447 milliards d’euros.

Philippe CREVEL