Octobre, un mois sans pitié pour les actionnaires
Les grandes crises boursières se concentrent souvent en août et en octobre. En ce mois, le temps est au premier bilan et aux projections pour l’année à venir. C’est le temps des remises en cause ou le moment des peurs hivernales… Quel qui l’en soit, le CAC 40 a connu sa pire semaine depuis le mois de février avec un recul de 4,91 %. L’ensemble des autres grandes places ont connu de fortes baisses. Francfort a abandonné plus de 4,8 % et Londres près de 4,5 %. Les places américaines ont également fortement diminué, près de 5 % pour le Dow Jones et près de 4 % pour le Nasdaq. Les valeurs technologiques longtemps préservés des à-coups de la conjoncture sont touchés désormais par la guerre commerciale sino-américaine.
En cet été indien qui n’en finit pas, le vent mauvais est annoncé par certains. Après avoir glorifié le retour de la croissance, les oracles tirent les signaux d’alerte. Dans ses prévisions automnales, le FMI estime que les menaces s’accumulent sur l’économie mondiale. Dans son dernier livre, « comment nous protéger des prochaines crises ? », Jacques Attali annonce que la survenue d’une nouvelle récession est probable à plus ou moins court terme.
Les pythies de la crise mettent en avant les effets délétères de la guerre commerciale sino-américaine et les conséquences de la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis. Après avoir été abreuvés de crédits à taux bas, les acteurs économiques ont du mal à intégrer leur hausse qui est pourtant fort logique dans une économie mondiale enregistrant une croissance supérieure à 3,5 % et avec une inflation en hausse. Redonner de la valeur à l’argent est indispensable.
Certes, il n’est pas inconséquent de réfléchir sur la pérennité de la croissance après la suppression du dopage monétaire. Mais il n’est pas rationnel de souligner les menaces de l’hyper-endettement favorisé par les taux bas tout en criant aux loups aux premiers jours de leur remontée. Pour le moment, la contagion des taux américains demeure faible en raison de la politique de rachat de la BCE et des politiques de crédit des banques. Ces dernières maintiennent des volants élevés de crédits à faibles taux tant pour des raisons concurrentielles que pour se plier aux consignes de la banque centrale. En revanche, sur les marchés, les entreprises souhaitant emprunter commencent à ressentir les effets de l’augmentation des taux.
La fin toute progressive des politiques monétaires non conventionnelles doit-elle s’accompagner d’une contraction sensible du cours des actions ? Depuis le début de l’année, contrairement aux prédictions et malgré les hausses des taux de la FED, le marché américain a été performant quand les indices européens sont en baisse. Les valeurs américaines ont profité de la forte croissance de l’économie dopée par la politique budgétaire et fiscale de Donald Trump.
Des facteurs moins positifs concourent également à l’augmentation des cours comme la pratique de plus en plus importante des rachats d’actions par les grandes firmes. La hausse du dollar qui aurait également dû conduire à un ralentissement de l’appréciation des cours ne se fait que peu sentir. Ce processus de valorisation des cours pourrait être arrivé à son terme, le ralentissement de l’économie américaine étant attendu pour 2019 après plus de 9 ans d’expansion. La guerre commerciale créerait une prise de conscience de la survenue probable d’un retournement.
Au moins, il y a eu une bonne nouvelle cette semaine. Face aux incertitudes pesant sur la croissance et après plusieurs semaines de hausse, le cours du pétrole a été en repli cette semaine en perdant plus de 4,5 % mais il est resté néanmoins en-dessus des 80 dollars le baril.
La baisse des cours de la bourse si elle est temporaire est une belle opportunité pour effectuer quelques achats. En revanche, si elle est le signe avant coureur d’un retournement de la conjoncture mondiale, il faut opter pour une sécurisation de ses actifs…