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Philippe Crevel

Pourquoi une telle montée en puissance du patrimoine des ménages

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Le patrimoine net des ménages a augmenté de 3,8% entre 2016 et 2017. Pour les deux tiers, ce patrimoine est constitué de biens immobiliers dont la valeur a augmenté en 2017 de 3,3%, après + 2,9% en 2016.

Selon l’INSEE, en 2017, le patrimoine net des ménages a atteint 11 494 milliards d’euros, soit 8,5 fois leur revenu disponible net de l’année. Ce ratio est stable par rapport à 2016. Il était de 7,6 en 2005 et de 5,6 en 2001. Cette montée en puissance du patrimoine des ménages n’est que la résultante de la forte progression depuis vingt ans de la progression des prix de l’immobilier et à titre accessoire des biens mobiliers. Du fait du vieillissement de la population, par phénomène d’accumulation au fil des années, le capital tend naturellement à augmenter. Le patrimoine net des ménages a augmenté de 3,8 % entre 2016 et 2017.

Pour les deux tiers, ce patrimoine est constitué de biens immobiliers dont la valeur a augmenté en 2017 de 3,3 %, après + 2,9 % en 2016. Cette accélération reflète à la fois celle du prix des logements anciens (+ 3,3 %) et le dynamisme de la construction neuve. Au total, le patrimoine non financier des ménages s’accroît de 3,5 % en 2017 pour s’établir à 7 679 milliards d’euros. Plus forte que celle de l’an passé (+ 3,0 %), cette hausse est aussi supérieure à la moyenne des dix années précédentes (+ 2,4 % par an entre 2005 et 2015). Le tiers restant est constitué de placements financiers. Les ménages continuent de privilégier les placements bancaires. L’encours en numéraire et dépôts progresse ainsi de 4,6 %, après + 4,1 % en 2016. D’une part, les ménages préfèrent les placements en livrets aux placements à risque. Les ménages laissent de plus en plus d’argent sur leurs comptes courants.

La détention d’actions et de parts de fonds d’investissement a augmenté de 8,1 % (après + 4,9 % en 2016), traduisant un effet prix : l’indice boursier SBF 120 se revalorise de 10,8 % (après + 4,7 % en 2016). À l’opposé, les placements des ménages en assurance-vie avaient faiblement augmenté en 2017 + 1,4 % en 2017, après + 2,2 % en 2016. Au total, les actifs financiers des ménages progressent de 4,4 %, après + 3,4 %. Au passif, l’encours de crédits croît de 5,4 %, après + 4,3 % en 2016, du fait de la forte progression du nombre de transactions immobilières.

En vingt ans, la valeur du patrimoine a doublé suivant en cela la valeur des logements. La part de l’immobilier n’a eu de cesse de s’accroître depuis 1995. Les Français ont privilégié la pierre. Ainsi, près de 59 % des ménages sont propriétaires ou accédants à la propriété de leur logement, alors que cette proportion s’établissait à moins de 55 % quinze ans plus tôt.

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Depuis quarante ans, les pouvoirs publics tentent de réorienter une partie du patrimoine des ménages vers les entreprises. A cette fin, de nombreux mécanismes ont été inventés, le Compte d’Epargne en Actions par René Monory en 1978, le Plan d’Epargne en Actions de Pierre Bérégovoy, les contrats DSK et NSK, les fonds euroscroissance, etc.

Jusqu’à maintenant, les Français privilégient la pierre qui est censée à tort ou à raison être moins sensibles aux évolutions de l’économie et de la politique. L’épargne est un acte de confiance, une renonciation au présent et donc un pari dans le futur. Le changement des habitudes, des comportements repose donc sur la diffusion d’un climat pérenne de confiance. Pour cela, la stabilité des normes, de la fiscalité est indispensable. Or, ces vingt dernières années, les changements de législation ont été incessants...

Philippe CREVEL