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2020 sera marquée par la baisse des investissements et la hausse de la consommation, estime Rexecode

Cette hausse attendue de la consommation des ménages ne profitera pas intégralement à la croissance française, prévient néanmoins Denis Ferrand, directeur général de l'institut sur BFM Business.

Après une année 2019 où la France a plutôt bien résisté face aux vents contraires, comment se profile 2020 ? Si la Banque de France a abaissé sa prévision de croissance à 1,1%, l'institut Rexecode est plus optimiste, tablant sur une expansion du PIB de 1,2% après 1,3% l'an passé. 

Sur le plateau de 12h, l'Heure H sur BFM Business, son directeur général Denis Ferrand détaille: "On aura probablement un peu moins d'investissements et à l'inverse un peu plus de consommation. Un peu moins d'investissements de la part de tous les acteurs. L'investissement public va ralentir sensiblement comme il le fait à chaque fois qu'intervient une année électorale. Ce phénomène commence à se manifester dans les enquêtes auprès des travaux publics".

"Plus de consommation, certes mais pas forcément plus de croissance"

"Deuxième élément le plus intéressant à suivre c'est ce qui se passe sur l'investissement des entreprises (...) On se rend compte que le climat des affaires est plus dégradé dans les secteurs d'amont: la chimie, la mécanique, l'équipement électrique, qu'il ne l'est dans les secteurs avals donc plutôt les secteurs liés à la consommation. C'est quelque chose qui se voyait dès la fin de l'année dernière. En 2020, l'investissement des entreprises sera moins au rendez-vous parce que les résultats vont moins progresser, vous avez aussi un effet de trésorerie qui sera défavorable en 2020" avec la disparition du double levier CICE et baisse des charges. "Et parce qu'il y a aussi cet environnement mondial qui est moins porteur" tout comme une insuffisance moins marquée en nouveaux équipements dans les entreprises, ajoute Denis Ferrand.

Côté consommation, Rexecode estime que les Français vont bel et bien profiter de leurs gains de pouvoir d'achat (qui se sont traduits pour le moment par de l'épargne). "Oui, on aura plus de consommation cette année mais plus de consommation ne fait pas forcément plus de [croissance]", souligne le spécialiste.

"Vous pouvez avoir une augmentation de votre consommation mais qui peut se porter sur des produits importés qui ne sont pas produits localement. (...) Quand vous avez une manne qui tombe presque du ciel comme l'ont été les mesures fiscales post-gilet jaunes, cette manne va se porter plutôt sur des dépenses compressibles: ça va être le mobilier, un véhicule... des éléments manufacturés mais qui ont probablement un contenu en importation plus important que ne le sont les dépenses incompressibles qui sont des dépenses de loyers, d'assurances, d'abonnements, qui vont s'adresser plutôt à de la production nationale. On aura donc un peu plus de consommation mais une consommation qui se portera un peu plus sur des biens importés et les importations venant en déduction de la croissance, vous avez une fuite accrue à l'importation qui va s'effectuer. Donc plus de consommation, certes mais pas forcément plus de croissance".

Olivier Chicheportiche