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Finances publiques

5 chiffres qui révèlent le déclin de la compétitivité française

La poids de la France dans les exportations mondiales a été divisé par plus de deux en 24 ans.

La poids de la France dans les exportations mondiales a été divisé par plus de deux en 24 ans. - Jean-Philippe Ksiazek - AFP

La France n'a représenté que 3% des exportations mondiales à la fin 2014, soit son plus bas historique, selon une étude du Coe Rexecode publiée ce mardi 27 janvier.

Le gouvernement a beau multiplier les efforts, rien n'y fait. Si l'on en croit une étude du Coe-Rexecode, publiée ce mardi 27 janvier, la compétitivité française n'a pas redressé la tête en 2014.

"Le bilan pour 2014 est décevant", résume l'institut d'étude économique, qui se base sur des statistiques arrêtées au mois de novembre 2014. "Le poids des exportations dans le commerce mondial s'est ainsi de nouveau affaibli, notamment parce que nos exportations ont été moins dynamiques que celles des autres pays de la zone euro", poursuit le Coe-Rexecode.

Pourtant, l'étude souligne bien "des progrès" accomplis aussi bien sur les coûts salariaux que les marges des entreprises, grâce notamment aux effets du crédit d'impôt compétitivité pour l'emploi (CICE). Ainsi le taux de marge des sociétés a atteint 34,8% au troisième trimestre 2014, soit 2,5% de plus que sur la même période de 2013. Mais voilà, "la traduction de l'accroissement de [ces] marges en dépenses d'investissement puis en innovation est nécessairement lente", explique le Coe Rexecode.

L'institut se veut plus optimiste pour 2015, où tant la faiblesse de l'euro que la chute des prix du pétrole devraient créer un environnement plus favorable pour les entreprises tricolores.

En attendant, 2014 a été une nouvelle année de déclin pour la compétitivité française. En témoigne ces cinq chiffres clefs.

> Le déficit industriel augmente de 2 milliards

Oui, le déficit commercial français sera moins élevé en 2014 qu'en 2013. Mais voilà: cette baisse est essentiellement due à une accalmie sur les produits énergétiques, où le déficit s'est résorbé de plus de 12 milliards d'euros en un an, selon le Coe-Rexecode. Pour mieux mesurer la performance de l'économie française, l'institut économique retient ainsi le déficit commercial hors produits énergétiques et agricoles. Résultat: les comptes ont été davantage dans le rouge en 2014 qu'en 2013 (26,4 milliards contre 24 milliards). Certes, le plus mauvais chiffre, en 2011, était bien plus élevé (40,5 milliards).

> Les exportations françaises au plus bas dans le monde

Depuis 2010, la part de la France dans les exportations mondiales avait tendance à se stabiliser autour de 3,15%. Mais à la fin de 2014, ce chiffre a un peu plus fondu pour atteindre environ 3,0%, selon le Coe-Rexecode qui rappelle que 0,1 point des échanges mondiaux représente environ 20 milliards d'euros.

> Un poids qui a été divisé par plus de deux en moins de 25 ans

Le Coe Rexecode fournit également une statistique de plus long terme: entre 1990 et la fin 2014, la part de la France dans les exportations mondiales est passée de 6,3% à donc 3%, soit une baisse de 52,3%. Certes, on pourrait avancer que ce recul s'explique par la montée en puissance des pays émergents. Mais le Coe Rexecode souligne bien que l'Hexagone est "parmi les pays développés celui qui a connu le plus vif recul de ses parts de marché sur le long terme". Sur la même période seuls le Japon (-57,3%) et le Royaume-Uni (-54,3%) ont fait pire.

> Une part de marché qui s'effrite en zone euro

Si la part de marché de la France chute au niveau mondial, il en est de même au plus proche de ses frontières, au sein de la zone euro. Ainsi, en octobre 2014, les exportations françaises comptaient pour 12,3% de celles de l'union monétaire soit moins qu'en 2013 (12,5%) et 2012 (12,7%).

> Des importations qui restent élevées

"La compétitivité d'une économie se traduit également par la capacité de ses producteurs locaux à défendre leurs marchés sur le territoire national", explique le Coe Rexecode. D'où l'intérêt de regarder la part des importations dans le PIB national. Or ce chiffre a nettement gonflé entre 2003 et 2011, passant de 19,7% à 23,2%. Certes, il a depuis reculé. Mais légèrement. Ainsi les importations françaises représentaient toujours 22,9% du PIB sur les trois premiers trimestres de 2014.

Julien Marion