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Accord UE/Mercosur: "À ce stade, le compte n'y est pas", assure Travert

Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture

Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture - ALAIN JOCARD / AFP

Le ministre de l'Agriculture veut s'assurer de l'équité des conditions de concurrence entre les producteurs européens et ceux du Mercosur.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a estimé ce mercredi devant l'Assemblée nationale que dans les négociations commerciales UE/Mercosur, "à ce stade, le compte n'y est pas".

"La France souhaite avancer avec le Mercosur, mais dans le contexte politique actuel, il est essentiel d'aboutir à un résultat équilibré et à ce stade le compte n'y est pas", a déclaré le ministre.

"Pour ce qui concerne le boeuf, le volume de contingent doit s'écarter le moins possible du volume jusqu'ici présenté dans l'offre européenne", a prévenu Stéphane Travert. "Il s'agit d'une ligne rouge que le président de la République a rappelée à Jean-Claude Juncker", a affirmé le ministre, précisant que ce volume doit être "déclaré finement et encadré afin d'établir l'équité des conditions de concurrence avec les producteurs du Mercosur".

"Engagements sanitaires"

"En matière d'indication géographique, nous devons obtenir un résultat cohérent avec l'effort de montée en gamme de nos différents producteurs", a ajouté le ministre, quelques heures à peine après la présentation en conseil des ministres d'un projet de loi qui doit permettre de mieux rémunérer les agriculteurs français sur le marché français. Il espère que ce résultat "contribue(ra) à étendre au continent américain l'approche Indication géographique et la reconnaissance du patrimoine agroalimentaire européen qu'elle incarne".

Stéphane Travert a également mentionné la mise en oeuvre des "engagements sanitaires" du Mercosur, faisant notamment référence au scandale de la viande avariée au Brésil, et les ouvertures attendues en matière de droits de douanes, qui n'ont "pas été faites". "Nous sommes très vigilants sur les conditions dans lesquelles l'accord du Mercosur se conduira dans les prochaines semaines", a assuré le ministre.

Consommateurs "bernés"

La réponse de Stéphane Travert fait suite aux sévères critiques du président de la Fédération nationale bovine (FNB), Bruno Dufayet, à l'encontre des nouvelles propositions européennes dans la négociation commerciale avec les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Il a estimé mercredi que les consommateurs européens seraient "bernés" et "sacrifiés" si l'Europe devait recevoir 99.000 tonnes de viande sans droits de douane de ces pays.

"Antibiotiques, activateurs de croissance, farines animales, OGM, tout ce qui est interdit chez nous est autorisé dans ces pays-là" dans les méthodes d'élevage, a déclaré Bruno Dufayet au micro de RMC mercredi matin, en rappelant que "80% de la déforestation est liée à l'élevage bovin" au Brésil.

Le consommateur sera d'autant plus "berné", selon lui, que l'essentiel de la viande Mercosur serait utilisé "dans la transformation", c'est-à-dire l'industrie agroalimentaire, les plats préparés, les surgelés, la restauration rapide et collective, sans étiquetage ni mention de la provenance. "On est en train de sacrifier l'alimentation des Français et des Européens pour pouvoir envoyer des voitures et sans doute autre chose" dans ces pays, a ajouté Bruno Dufayet, lui-même éleveur de vaches Salers dans le Cantal. Il a espéré une intervention d'Emmanuel Macron pour empêcher un tel accord qui menace, selon lui, "plus de 30.000 éleveurs".

P.L avec AFP