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Economie et Social

Accrochages entre députés LREM sur l'IFI et le pouvoir d'achat

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l’Impôt sur la Fortune Immobilière a donné lieu à un affrontement au sein du groupe LREM à l'assemblée, révélant la réalité des tensions sur le pouvoir d'achat

Les débats sur le projet de budget 2019 ont été émaillés d'un moment de tension entre Amélie de Montchalin, porte-parole du groupe LREM sur le budget, et deux LREM qui plaidaient pour augmenter l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) afin de faire un geste envers les retraités.

Yolaine de Courson (LREM) a défendu en vain un amendement visant à relever l'IFI, pour compenser la hausse de CSG pour une partie des retraités. Saluant la « bonne nouvelle » des recettes plus élevées qu'attendu de cet impôt, elle a dit espérer que les retraités modestes qui ont subi la hausse de la CSG puissent « bénéficier de cette embellie ». Issu de la réforme de l’ISF l’an dernier, l’IFI va rapporter 1,53 milliard € en 2019, selon les prévisions de Bercy, c’est presque deux fois plus que ce qui était attendu lors des premières estimations.

Les députés ont voulu souligner notamment le haut niveau de l'inflation et la hausse du prix de l'énergie, et ont estimé que les moyens étaient disponibles pour un coup de pouce pour les retraités les plus fragiles. « On a entendu sur tous nos territoires des gens qui nous disent qu'on est allés les chercher » avec la hausse de 1,7 point de la CSG pour des petits revenus, des petites retraites, a ensuite affirmé Frédéric Barbier (LREM, ex-PS), premier signataire de l'amendement, co-signé par 14 autres élus. Il a plaidé pour « redonner ces 1,7% qu'on a pris l'an dernier » dans le projet de budget de la Sécu 2019, en augmentant l'IFI.

« Non mais, ça va pas? »

« On n'a pas eu d'états d'âmes l'an dernier pour faire un petit cadeau de 3 milliards quand on est passé de l'ISF à l'IFI », a aussi affirmé l'élu du Doubs, interrompu par un « non mais, ça va pas? », lancé dans l'hémicycle. « Je pense qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans ce qui vient d'être dit », lui a ensuite rétorqué Amélie de Montchalin, vice-présidente du groupe LREM, "notre politique, c'est l'emploi et l'investissement. Nous avons fait le choix assumé de transformer l'ISF en IFI (...), de faire financer la protection sociale non pas par les seules personnes qui travaillent, mais par tous ceux qui ont des revenus", a-t-elle ajouté. «Nous avons fait le choix du travail, nous avons baissé les cotisations sociales alors oui, ça ne va pas parce que ce que vous dites, ça n'est pas notre intention, ce n'est pas notre ambition, ce n'est pas notre projet », a-t-elle ajouté. « Je peux vous dire que dans ce groupe, vous avez votre opinion, nous avons la nôtre et nous voterons contre ces amendements », a conclu Amélie de Montchalin. 

Divisions sur le pouvoir d'achat

La question du pouvoir d’achat, et plus largement des inégalités qui seraient causés par la politique d’Emmanuel Macron, est au cœur des préoccupations d’une partie de la majorité et vient régulièrement s’imposer au sein des débats à l’assemblée.

Dans le cadre de la loi PACTE, les députés ont obtenu des arbitrages sur la participation et l’intéressement défavorables au plus hauts revenus. En commission des affaires sociales, lors des premiers débats sur le budget de la sécurité sociale, un amendement a été voté qui instaure une « CSG progressive » pour les retraités, avec trois taux différents en fonction des revenus (6,6% jusqu’à 1600€, 8,3% jusqu’à 3000€ et 9,2% au-dessus) manière pour ses promoteurs d’épargner les petites retraites. Amendement porté par vingt-et-un élus de la majorité, malgré la consigne de vote de Thomas Mesnier, chef de file du groupe LREM dans l'examen de ce texte, exigeant le rejet de cette proposition. « Il est temps d’écouter tous les gens qui viennent dans nos permanences », a lancé Jean-François Cesarini, député macroniste du Vaucluse. Le gouvernement a clairement affirmé qu’il s’opposerait à cet amendement lors du débat en séance, mais il doit maintenant sans arrêt faire face à un feu nourri de demandes alors que ses marges de manœuvres sont très réduites. Ainsi, face à la hausse des prix des carburants, le ministre du budget a accepté d’étendre la prime à la casse pour les ménages non imposables. Bercy budgète l’effort supplémentaire à 180 millions€ (en plus de 500 millions déjà disponibles), mais personne ne peut évaluer le prix de cette décision qui pourrait dépasser le milliard si la mesure rencontrait un succès supérieur aux attentes.

Au-delà l’épisode est aussi révélateur des doutes au sein de la majorité sur la ligne politique de LREM, « le travail » rappelle Amélie de Montchalin, et dans ce cadre-là les mesures de suppression des cotisations sociales sur les heures supplémentaires seront affichées comme cohérentes, même si elles vont encore privilégier ceux qui ont un emploi et sont en mesure de faire des heures supplémentaires ; « la justice » répondent d’autres députés du groupe qui semblent avoir maintenant l’intention de se faire entendre.