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Economie et Social

Activité, entreprises, emploi : les nuages s’accumulent sur l’économie française

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Les derniers indicateurs publiés semblent démontrer que l’activité est de plus en plus touchée par les guerres commerciales et les incertitudes mondiales. Même si la France fait mieux que ses voisins.

Certes, l’économie française semble mieux résister au ralentissement mondial mais les derniers chiffres publiés par différents instituts commencent à inquiéter. Car la situation commence doucement à se dégrader. 

Croissance

Selon une première estimation de l’Insee, la croissance de l'économie française marque le pas à 0,2% au deuxième trimestre, en raison notamment d'un ralentissement de la consommation des ménages. La faiblesse de cette dernière explique en grande partie ce résultat – malgré les gains de pouvoir d'achat liés aux mesures d'urgence venues répondre à la crise des « gilets jaunes ».

Les Français sont encore sceptiques et préférant épargner compte tenu des incertitudes mondiales. Le taux d'épargne (proche de 15%) est d'ailleurs au plus haut.

Pour autant, les intentions d’achats de biens repartent à la hausse, tout comme le moral des ménages. Et la croissance française reste supérieure à celle de nombreux pays européens comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Italie. Rien n'est perdu. D'ailleurs, la Banque de France prévoit une petite accélération au troisième trimestre avec +0,3%.

« Le contexte mondial n'est pas bon, c'est clair. Mais il y a des ressorts internes en France » qui permettent à l'économie hexagonale de « résister », estime Eric Heyer, chercheur à l'OFCE.

Selon la Banque de France, mais aussi selon l'OCDE, le FMI et la Commission européenne, le PIB devrait progresser de 1,3% cette année, contre 1,7% en 2018. 

Production industrielle

Le dernier indicateur n’est pas bon. La production industrielle de la France a chuté de 2,3% en juin, preuve que les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, finissent par peser.

Il s'agit en effet de sa plus forte baisse sur un mois depuis janvier 2018 et elle s'inscrit bien au-delà des attentes des économistes. La seule production manufacturière (hors énergie) a diminué de 2,2% sur le mois.

Sur l'ensemble du 2e trimestre, la production a progressé de 0,3% pour l’ensemble de l'industrie mais reculé de 0,3% dans l'industrie manufacturière par rapport aux trois mois précédents.

Ce décrochage de la production industrielle sur juin avait déjà été signalé par la Banque de France dans son enquête de conjoncture pour le même mois, ce qui a amené la Banque à réviser à la baisse ses prévisions de croissance du deuxième trimestre.

Commerce

Là encore, les effets des guerres commerciales commencent sérieusement à se faire sentir. Après un mois de mai où il avait atteint un plus bas depuis décembre 2017 (à -3,28 milliards d’euros), le déficit commercial français s’est creusé en juin, repassant la barre des 5 milliards d’euros (5,19 précisément).

Principale cause de ce creusement, la nette baisse des exportations « relativement généralisé » sur l'ensemble des secteurs, observent les Douanes. Elles se replient en effet de 4,9% à 41,9 milliards d'euros, alors qu'elles avaient bondi de 4,3% en mai.

Mais sur l'ensemble du premier semestre 2019, le déficit cumulé de la balance commerciale française en données corrigées de variations saisonnières et des jours ouvrés est en nette baisse à 26,9 milliards contre 32,1 milliards un an plus tôt.

Créations et défaillances d’entreprises

Le bilan est mitigé. Si les créations d’entreprises accélèrent (+15% sur trois mois), toujours grâce à la locomotive des micro-entreprises, le nombre de fermetures augmente lui aussi.

Les défaillances d'entreprises cumulées sur douze mois ont ainsi progressé de 2,6% à fin mai par rapport au même mois de 2018, a indiqué vendredi la Banque de France.

A la fin mai 2019, le nombre d'entreprises défaillantes s'élevait à 54.070 avec de fortes progressions dans les secteurs des transports (+14,3%), des conseils et services aux entreprises (+12,6%) et des activités financières et d'assurance (+6,9%).

Les défaillances ont aussi augmenté sensiblement dans l'enseignement, la santé et les services aux ménages (+5,2%), l'hébergement et la restauration (+3,2%) et l'industrie (+2,2%), a souligné la BdF.

Elles ont toutefois reculé dans les activités immobilières (-5,6%), l'information et communication (-4,5%), l'agriculture (-1,1%) et le commerce (-0,8%).

En juin, selon des chiffres encore provisoires communiqués par la Banque de France, les défaillances d'entreprises auraient augmenté de 1,4% sur 12 mois.

Emploi

Les créations de postes dans le privé marquent le pas. Au deuxième trimestre, le secteur privé a enregistré 62.100 créations nettes de postes, soit une hausse de 0,3%, selon des chiffres provisoires de l'Insee.

Au premier trimestre, on avait compté 90.000 emplois créés (+0,5%). Sur un an, l'emploi salarié reste néanmoins dans le vert avec une hausse de 1,3% (+266.000).

Pour les observateurs, ce ralentissement au 2e trimestre va de pair avec une croissance économique qui a également ralenti.

La baisse du chômage ralentit également avec -0,5% toujours entre avril et juin contre -0,7% entre janvier et mars et -1,1% entre octobre et décembre 2018.

Olivier CHICHEPORTICHE