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Affaire Business France: un ex-collaboratrice de Pénicaud placée sous le statut de témoin assisté

Muriel Pénicaud assure n'avoir été au courant de dysfonctionnements qu'après l'organisation de l'évènement, mais Fabienne Bothy-Chesneau a livré fin juin une autre version.

Muriel Pénicaud assure n'avoir été au courant de dysfonctionnements qu'après l'organisation de l'évènement, mais Fabienne Bothy-Chesneau a livré fin juin une autre version. - Alain Jocard - AFP

L'ex-directrice de la communication de Business France dont la version contredit celle de son ancienne patronne Muriel Pénicaud, répond aux juges ce jeudi dans le cadre de l'instruction sur la soirée organisée à Las Vegas en 2016 pour Emmanuel Macron.

L'ex-collaboratrice de Muriel Pénicaud chez Business France a été placée jeudi sous le statut de témoin assisté par les juges d'instruction qui enquêtent sur le déplacement controversé en 2016 d'Emmanuel Macron à Las Vegas. À l'issue d'une audition de près de six heures, Fabienne Bothy-Chesneau, ex-directrice de la communication de l'organisme, a été placée sous le statut de témoin assisté par les magistrats du pôle financier, a indiqué son avocat, Bruno Quentin, sans plus de précisions.

Une source judiciaire a confirmé ce statut qui évite donc à ce stade une mise en examen à l'ex-cadre, une hypothèse qui aurait pu fragiliser Muriel Pénicaud, en pleine réforme sur le Code du travail. La semaine dernière, sur LCI, la ministre du Travail s'était dite "très sereine" dans cette affaire, tout en rappelant qu'elle démissionnerait du gouvernement si elle-même était mise en examen.

Un dossier devenu politique

Ce dossier, devenu politique, est lié à l'organisation, en janvier 2016, d'une soirée de promotion de la France à Las Vegas (Nevada) autour d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie. Malgré son coût élevé - près de 290.000 euros après renégociation - l'organisation de l'événement avait été confiée à l'agence de communication Havas sans appel d'offres spécifique par Business France, organisme public dirigé à l'époque par Muriel Pénicaud.

Le ministère de l'Économie, après un rapport de l'Inspection générale des finances, avait fait un signalement au parquet de Paris, qui avait ouvert une enquête pour "favoritisme et recel de favoritisme", confiée en juillet à trois juges d'instruction.

Muriel Pénicaud, chargée de mettre en oeuvre la délicate réforme du code du travail, assure depuis le début de l'affaire avoir été au courant d'éventuels dysfonctionnements après l'organisation de l'évènement et avoir immédiatement diligenté un audit externe indépendant auprès du cabinet E&Y.

Sa "participation personnelle n'a pas été identifiée"

Mais Fabienne Bothy-Chesneau a livré fin juin une autre version aux enquêteurs de l'office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff). Elle a notamment expliqué, d'après une source proche de l'enquête, que si elle avait été chargée de mettre en oeuvre la soirée, elle ne disposait d'aucun pouvoir décisionnaire, ajoutant qu'à partir de fin novembre 2015, soit plus d'un mois avant l'événement, ce dernier avait été évoqué de manière continue avec Muriel Pénicaud.

La ministre est aussi soupçonnée de n'avoir informé le conseil d'administration de Business France de possibles dysfonctionnements qu'en décembre 2016, soit six mois après avoir pris connaissance de l'audit d'E&Y, et d'en avoir présenté "une synthèse biaisée", d'après Libération. Dans ce document, E&Y n'exclut pas que la "responsabilité" pénale de la ministre "soit envisagée", même si sa "participation personnelle dans le cadre du marché n'a pas été identifiée".

N.G. avec AFP