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Affaire Tapie: "Lagarde savait qu'un arbitre n'était pas indépendant"

Christine Lagarde a joué un rôle dans l'arbitrage de l'affaire Tapie.

Christine Lagarde a joué un rôle dans l'arbitrage de l'affaire Tapie. - Gobet - Demarthon - AFP

La cour d'appel a annulé la sentence arbitrale rendue en 2008 dans l'affaire de la vente d'Adidas. En rejugeant le litige, elle pourrait notamment mettre en cause Christine Lagarde ou Stéphane Richard, explique à BFM Business Laurent Mauduit, journaliste à Mediapart et spécialiste de cette affaire.

Vingt ans plus tard, l'affaire Tapie reprend de plus belle. La cour d'appel a annulé mardi 17 février l'arbitrage controversé et va rejuger le litige. Et cette fois, Christine Lagarde risque gros.

L'arbitrage, rendu en juillet 2008 par trois personnalités choisies par les parties, devait mettre un terme à cette longue affaire où l'ancien ministre de la Ville et ex-président de l'OM se dit escroqué par le Crédit Lyonnais. Objet du litige: la vente d'Adidas, que Bernard Tapie avait racheté avant de s'en défaire en 1993.

La sentence arbitrale avait donné lieu à une vive polémique autour du choix de renoncer à la justice ordinaire et sur le montant des sommes allouées, 403 millions d'euros, intérêts compris, dont 45 au titre du seul préjudice moral. Mais pas seulement, l'une des principales charges est la relation ancienne et cachée de l'avocat de Bernard Tapie, Maurice Lantourne, et de l'un des juges Pierre Estoup.

Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, savait qu'il y avait des irrégularités dans cette sentence. "La CRD (Consortium de Réalisation, structure publique qui gérait le passif du Crédit Lyonnais) avait alerté Christine Lagarde que l'un des arbitres avait manqué à son devoir d'indépendance", explique à BFM Business Laurent Mauduit, journaliste à Mediapart et spécialiste de cette affaire.

"Est-ce que les juges ne vont pas mettre en examen Claude Guéant?"

"Si elle avait été de bonne foi, elle avait la possibilité de faire annuler le versement des 400 millions d'euros. Elle pouvait dire "je récuse l'arbitre" et aussitôt l'arbitrage était annulé".

Mais selon Laurent Mauduit, Christine Lagarde n'est pas la seule en cause. "L'instruction n'est pas finie, il y a encore quelques actes. Je sais que Stéphane Richard (alors directeur de cabinet de la ministre de l'Economie), dans les prochaines semaines, va être confronté à certains hauts fonctionnaires : le patron du CRD. Est-ce que par ailleurs, les juges ne vont pas aussi mettre en examen Claude Guéant? Je ne le sais pas. Il était secrétaire général de l'Elysée". Car en effet, le sujet était largement suivi à l'Elysée où Bernard Tapie s'était rendu plusieurs fois.

L'affaire pourrait donc remonter jusqu'à Nicolas Sarkozy. La cour d'appel a donc donné rendez-vous aux parties le 29 septembre pour plaider à nouveau sur le fond du dossier.

D. L.