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Economie et Social

Affaire Tapie : Stéphane Richard (Orange) relaxé

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Accusé de complicité d'escroquerie dans le dossier de l'arbitrage du Crédit Lyonnais, le patron d'Orange risquait gros.

C'est une surprise. Dans l’interminable affaire de l’arbitrage contesté en faveur de Bernard Tapie dans l’affaire du Crédit Lyonnais, c’est finalement Stéphane Richard qui avait le plus à perdre. Mais l'actuel p-dg d'Orange est relaxé de complicité d'escroquerie par le tribunal correctionnel. Tout comme Bernard Tapie.

« C'est un immense soulagement », a déclaré Stéphane Richard à la sortie de l'audience. « J’ai vécu pendant des années avec cette accusation contre
moi dont je me suis toujours défendu avec la plus grande vigueur. Le tribunal a établi que l'arbitrage était légitime, que la thèse de manoeuvre frauduleuse n'était absolument pas fondée. C'est ce que nous disons depuis six ans ». 

L’actuel p-dg d’Orange, poursuivi en tant qu’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde (alors ministre de l’Economie) risquait gros. Le ministère public avait requis le 1er avril trois ans de prison dont 18 mois de sursis, 100.000 euros d'amende et surtout l'interdiction d'exercer toute fonction publique pendant cinq ans.

L'accusation lui reprochait d'avoir fait une « présentation tronquée » du litige à sa ministre pour permettre l'entrée en arbitrage et de lui avoir dissimulé la présence de l'homme d'affaires lors d'une réunion cruciale à l'Elysée.

De quoi compromettre son avenir à la tête du premier opérateur télécom français (son mandat a été renouvelé pour la troisième fois en 2018). En effet, pour Bruno Lemaire, ministre de l’Economie, « si jamais dans le cours de cette procédure judiciaire il devait y avoir une condamnation, il remettrait immédiatement son mandat et démissionnerait ».

Le capitaine reste à la barre

Et d’asséner : « Nous avons fixé des règles, elles sont claires et elles seront respectées ». « Pour toutes les entreprises publiques qui sont sous ma responsabilité de ministre de l'Economie, les règles du jeu doivent être claires : s'il y a condamnation du dirigeant, il y a départ immédiat du dirigeant » expliquait déjà Bruno Le Maire, en janvier dernier, sur BFM Business. Le cas de Stéphane Richard, impliqué dans le procès Tapie était alors clairement évoqué.

Pour autant, les choses n'étaient pas aussi évidentes dans l’esprit de Stéphane Richard. « S’il y a condamnation, je remettrais mon mandat à disposition du conseil d’administration » promettait ce dernier, invité sur le plateau de BFM Business, il y a quelques semaines.

Avant de tempérer le côté automatique de son départ. « On verra la nature de la condamnation » expliquait il. « Il y a ‘condamnation’ et ‘condamnation’ » en précisant : « la nature de la condamnation qui a été prononcée à l’égard de Christine Lagarde (coupable de « négligence » mais dispensée de peine ; ndlr) ne l’a pas empêchée de rester à la tête du FMI. » 

Le capitaine reste donc à la barre, à un moment sensible pour Orange qui doit lancer le chantier de la 5G, poursuivre son offensive dans la fibre optique et résister à la concurrence féroce dans le mobile et à celle des GAFA, le tout dans un contexte de faible croissance des revenus. 

Et c'est un « immense soulagement » pour Sébastien Crozier, président du syndicat de cadres CFE/CGC qui soutenait Stéphane Richard depuis le début de ce procès. « Une large majorité des salariés souhaitait son maintien », a-t-il indiqué sur BFM Business. 

Il faut dire que son bilan est plutôt positif. Arrivé après la grande crise sociale de l'époque Didier Lombard (qui fait d'ailleurs l'objet d'un autre procès), le p-dg a calmé les esprits tout en permettant à Orange de maintenir sa position de leader dans la téléphonie fixe et mobile (malgré le tsunami Free Mobile) tout en se développant sur d'autres territoires : sécurité, cloud, domotique, banque... 

En tout cas les marchés restent de marbre face à cette relaxe généralisée. Le titre Orange est stable à la Bourse de Paris.

Olivier CHICHEPORTICHE