BFM Business
Finances publiques

Airbnb devra déclarer au fisc les revenus de ses utilisateurs

Airbnb devra déclarer automatiquement les revenus de ses utilisateurs à partir de 2019.

Airbnb devra déclarer automatiquement les revenus de ses utilisateurs à partir de 2019. - Martin Bureau - AFP

Un amendement au budget rectificatif pour 2016, voté lundi soir à l'Assemblée, va obliger les plateformes telles que Airbnb, Drivy ou Heetch à déclarer automatiquement au fisc des revenus de leurs utilisateurs.

L'économie collaborative rattrapée par l'administration fiscale. L'Assemblée nationale a donné son feu vert lundi soir à un amendement au projet de loi de finances rectificative 2016 pour obliger les plateformes en ligne du type Airbnb à une déclaration automatique au fisc des revenus de leurs utilisateurs, mais à partir de 2019.

Cette déclaration automatique, pour les plateformes françaises comme étrangères, doit permettre à l'administration fiscale d'alimenter la déclaration préremplie des contribuables, et de calculer l'impôt dû en fonction des règles applicables à chaque catégorie de revenu.

Les plateformes en ligne mettent en relation des particuliers ou des professionnels en vue de la vente ou du partage d'un bien (une voiture, un logement, une perceuse etc.) ou de la fourniture d'un service (transport, comptabilité, cuisine, bricolage, etc.). Aujourd'hui, "en pratique les revenus sont très rarement déclarés, très rarement contrôlés, et in fine très rarement imposés. Il en résulte une perte de recettes pour l'État, une insécurité juridique pour le contribuable, et une concurrence déloyale pour certains secteurs", a plaidé le député socialiste de Paris Pascal Cherki dans son amendement initial, qui prévoyait une entrée en application immédiate, et était similaire à des propositions des radicaux de gauche et de l'UDI.

"Il faut laisser vivre les dispositifs mis en place", assure Eckert

"Les enjeux économiques et financiers ne sont pas minces", a relevé Dominique Lefebvre (PS) au nom de la commission des Finances, où l'amendement avait été adopté à l'unanimité. Des études récentes ont évalué à 28 milliards d'euros le montant total des transactions en Europe dans les principaux secteurs de l'économie collaborative, montant qui pourrait être multiplié par 20 en dix ans, a-t-il rappelé.

Cependant, le secrétaire d'État au Budget Christian Eckert a plaidé que déjà, "durant les douze derniers mois nous avons beaucoup avancé", avec par exemple l'obligation pour les plateformes d'informer les bénéficiaires sur le statut de leurs revenus, et "il faut laisser vivre les dispositifs mis en place". "Nous sommes accusés d'empêcher le développement de l'économie collaborative" ou de "faire la chasse" au moindre revenu, a-t-il aussi souligné en émettant tout d'abord un avis défavorable. Le centriste Charles de Courson a alors suggéré que l'application soit repoussée à 2019, ce à quoi se sont ralliés l'ensemble des intervenants.

Les députés ont déjà voté dans le budget de la Sécurité sociale pour 2017 un article pour faire payer des cotisations sociales aux particuliers louant des biens via des plateformes collaboratives au-delà d'un certain seuil de revenus (7.720 euros pour les biens meubles comme les voitures et 23.000 euros pour l'immobilier).

Y.D. avec AFP