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Alstom: face aux critiques, l'Elysée se saisit du dossier

L'avenir du créateur du TGV ne laisse pas indifférente la classe politique française.

L'avenir du créateur du TGV ne laisse pas indifférente la classe politique française. - -

Une réunion se tient ce 27 avril au soir à l'Elysée sur le dossier Alstom. Tout le week-end, les réactions de responsables politiques à son éventuel rapprochement avec General Electric ou Siemens se sont multipliées.

Le gouvernement ne laissera pas Alstom décider seul de son sort. Une réunion à l'Elysée se tient à ce sujet ce dimanche soir, en présence du président de la République, François Hollande, du Premier ministre, Manuel Valls, du ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, et de la ministre de l'Energie, Ségolène Royal. Sujet de ce sommet de crise: l'épineux dossier Alstom.

Jeudi, l'agence Bloomberg créait un séisme dans le monde des affaires français en annonçant que Patrick Kron, le PDG du fleuron industriel français, discutait avec General Electric pour lui céder des actifs. Vendredi, le géant Siemens a lui-aussi officialisé une offre sur des activités du spécialiste français du transport ferroviaire et de l'Energie.

Ce dimanche, un conseil d'administration se tient chez Alstom, qui devait au départ être conclusif. Vu les pressions, il ne devrait finalement pas l'être: que ce soit le gouvernement ou les autres responsables politiques français, l'avenir du créateur du TGV ne laisse pas indifférent. Passage en revue des réactions.

> Arnaud Montebourg (gouvernement)

Le ministre de l'Economie, qui devait rencontrer le patron de General Electric, Jeff immelt, ce dimanche après-midi, a finalement reporté ce rendez-vous.

Les services de Bercy affirment ce 27 avril dans un communiqué avoir appris l'existence des discussions entre Alstom et GE dans la presse jeudi matin. "Compte tenu des enjeux stratégiques pour l'industrie et l'économie française, le gouvernement n'acceptera pas qu'une décision soit prise quelle qu'elle soit dans la précipitation et sans l'instruction conjointe avec les intérêts de la Nation des choix alternatifs", peut-on y lire.

Dès vendredi, Arnaud Montebourg indiquait travailler "à d'autres solutions et éventualités que celles imaginées seules et sans que le gouvernement n'en ait été informé par Alstom". "Alstom est le symbole de notre puissance industrielle et de l'ingéniosité française [...] le gouvernement exprime une préoccupation et une vigilance patriotiques", a-t-il continué, pointant "le risque sérieux de perte d'un centre de décision".

> Laurent Wauquiez (UMP)

Le dossier Alstom démontre encore une fois "l'amateurisme du gouvernement", a dénoncé sur BFMTV le député UMP Laurent Wauquiez dimanche. "Le gouvernement paraît découvrir le dossier au dernier moment. La solution Siemens paraît bricolée à la hâte, a-t-il poursuivi avant d'estimer que cette situation est aussi "symptomatique du décrochage de la France au niveau industriel".

> Yves Jego (UDI)

Le président par intérim de l'UDI a plaidé dimanche pour qu'Alstom trouve sa place dans un groupe européen "géant", avec Siemens, mais aussi d'autres entreprises du secteur. Il ne donne sa faveur, ni à la reprise d'une partie des activités d'Alstom par General Eletcric, ni à celle par Siemens, mais appelle de ses voeux "une troisième voie européenne".

"Je demande à Arnaud Montebourg de réunir d'urgence les ministres européens concernés de l'industrie, de l'énergie pour bâtir ce géant mondial 100%européen". "Il faut que l'Europe devienne stratège", a-t-il poursuivi.

> Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche)

Le coprésident du parti de Gauche se prononce ce 27 avril en faveur d'une "nationalisation temporaire" de cette entreprise iconique. Il a en outre estimé que les pouvoirs publics devaient "évidemment" s'opposer à la cession d'Alstom "de toutes les façons possible" lors de l'émission le Grand Jury (RTL/ LCI/Le Figaro).

Quant à l'idée de créer un groupe européen avec Siemens, le député européen s'est dit favorable à une "politique européenne, le regroupement de moyens", "mais on en discute calmement, pas sur le dépeçage des uns par les autres, ça ce n'est pas de la politique européenne c'est du cannibalisme".

> Marine Le Pen (FN)

La présidente du Front national a dénoncé dimanche la "passivité et l'inaction du gouvernement sur le dossier Alstom" convoité par l'Américain General Electric, qui "soulèvent l'écœurement légitime de nombre de nos compatriotes". Dans un communiqué, elle considère que "ce fleuron industriel français, dont l'avenir serait forcément américain ou allemand, est ainsi sans vergogne abandonné à ses concurrents étrangers".

La présidente du FN juge que "l'Etat qui avec succès avait pu sauver Alstom en 2003, en prenant 21% du capital, butte à présent sur le barrage de l'Union européenne construit par les traîtres de l'UMP et du PS". "Il faut refuser le faux choix du dépeçage américain ou allemand et y préférer une voie patriote, française, par le rachat des parts de Bouygues, principal actionnaire, par la Caisse des Dépôts et Consignations", a-t-elle dit.

N.G.