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Economie et Social

Annonces d’Emmanuel Macron : le pacte de sécurité avant le pacte de stabilité

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- - LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Le président de la République, par ses décisions, choisit de privilégier la génération actuelle, au détriment des générations futures.

Dans une précédente chronique sur le pouvoir d’achat, nous évoquions les 10 principes guidant l’économie selon Gregory Nicholas Mankiw. Nous rappelions que le numéro 8, portant justement sur le pouvoir d’achat, précise que celui-ci repose sur la production du pays. Revenons au passage sur le numéro 1 :

« People face trade-offs »

Sur le plan général, cette courte formule signifie que rien n’est gratuit et donc qu’il faut faire des choix. Sur le plan immédiat, les déclarations du président de la République du 10 décembre traduisent de fait un choix et ce choix est clair : ceux qui sont appelés à payer le retour au calme dans le pays, ce sont les contribuables de demain au travers du creusement du déficit budgétaire d’aujourd’hui. Alors que la situation des finances publiques avait tendance à se détériorer avant même la montée en puissance des gilets jaunes, puisque le déficit de l’Etat sur un an au 31 octobre était 87 Mds € contre 77 Mds € au 31 octobre 2017, le président de la République a enchaîné depuis les débuts de la crise les annonces, en espérant ainsi mettre fin au désordre social. Entre l’abandon de la hausse des taxes sur les carburants et les mesures du 10 décembre, la note serait désormais de 0,7% du PIB, se traduisant par une augmentation équivalente du déficit, dans un contexte où, indépendamment de ces décisions, la croissance est, pour des raisons cycliques, à la peine.

Ce choix, qui consiste, pour reprendre une phrase de son prédécesseur, à faire passer le « pacte de sécurité avant le pacte de stabilité », conduit non seulement à privilégier la génération présente par rapport à la génération future mais aussi la vie quotidienne des Français par rapport à la position internationale de la France. En effet, devenue le plus mauvais élève de la zone euro, la France n’est pas en capacité de prendre l’initiative pour y faire avancer ses idées et pour répondre à l’offensive diplomatique que mènent contre elle les pays d’Europe du Nord et singulièrement les Pays-Bas.

Dans le livre revenant sur les conditions de sa démission, le général de Villiers, commentant les propos de François Hollande sur l’opposition entre pacte de stabilité et pacte de sécurité affirmait que ce qu’attendait le pays, c’était de les rendre compatibles. Cela supposait un redéploiement-pour ne pas dire une baisse- de la dépense publique auquel Emmanuel Macron ne s’est pas consacré jusqu’à présent et qui devient une urgence absolue.