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Annonces Macron : « qui ne travaille pas, ne mange pas »

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L’enjeu économique global est non seulement la quantité de travail mais aussi sa qualité, que l’on appelle sa productivité.

Une des coquetteries des spécialistes de l’histoire de la pensée économique est de faire remonter la réflexion dans ce domaine aux tous premiers textes de l’Antiquité, en l’occurrence à l’oeuvre d’Hésiode, un poète contemporain d’Homère, et singulièrement à son texte « les Travaux et les jours ». Hésiode explique à son frère que la source de la richesse est le travail :

« Garde l’éternel souvenir de mes avis : travaille si tu veux que la Famine te prenne en horreur et que l’auguste Déméter à la belle couronne, pleine d’amour envers toi, remplisse tes granges de moissons. En effet, la famine est toujours la compagne de l’homme paresseux. Les dieux et les mortels haïssent également celui qui vit dans l’oisiveté, semblable en ses désirs à ces frelons privés de dards qui, tranquilles, dévorent et consument le travail des abeilles. Livre-toi avec plaisir à d’utiles ouvrages, afin que tes granges soient remplies des fruits amassés pendant la saison propice. C’est le travail qui multiplie les troupeaux et accroît l’opulence. En travaillant, tu seras bien plus cher aux dieux et aux mortels : car les oisifs leur sont odieux. »

Huit siècles plus tard, Saint Paul écrit aux Thessaloniciens que :

« Qui non laborat non manducet » (c’est-à-dire « qui ne travaille pas ne mange pas »)

A ces idées, les économistes modernes ont ôté les références religieuses mais n’ont ajouté en pratique que le fait que l’enjeu économique global est non seulement la quantité de travail mais aussi sa qualité, que l’on appelle sa productivité.

Or tous les travaux récents montrent que cette productivité évolue peu, malgré les révolutions technologiques en cours (ce qui reste, à bien des égards, difficile à comprendre). Ainsi, dans son rapport d’avril 2019, le tout nouveau « conseil national de la productivité » écrit :

« Dans les pays industrialisés la croissance vient principalement des gains d’efficacité à utiliser les ressources naturelles, humaines, financières et technologiques dont ils disposent. Ce ralentissement est aussi une énigme au moment où nous connaissons un choc technologique de grande ampleur avec la révolution de l’économie numérique et digitale. »

Tant que cette énigme n’aura pas été résolue, il n’y a guère d’autre moyen de soutenir la croissance que de jouer sur la quantité de travail et de retrouver la sagesse antique qui nous invite à travailler plus pour avoir plus « à manger ».