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Finances publiques

Assurance chômage: déficit plus fort que prévu cette année et en 2018

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- - Philippe Huguen - AFP

L'Unédic vient d'annoncer que les déficits du régime seront plus importants que prévu. Ils devraient être de 3,8 milliards d'euros en 2017, puis de 3,3 milliards en 2018, pour une dette cumulée de 37,1 milliards à fin 2018.

L'assurance chômage, qui accuse une dette de plus de 30 milliards d'euros, devrait voir son déficit baisser un peu plus lentement que prévu, selon des prévisions publiées par l'Unédic, le gestionnaire du régime. Le déficit devrait passer de 4,3 milliards d'euros en 2016 à 3,8 milliards en 2017, puis à 3,3 milliards en 2018, selon l'Unédic. La dette du régime atteindrait, par conséquent, 33,8 milliards d'euros en fin d'année, puis 37,1 milliards fin 2018.

Ces prévisions financières prennent en compte les effets de la nouvelle convention d'assurance chômage, négociée au printemps par les partenaires sociaux et qui entrera pleinement en vigueur au 1er novembre. "Sans cette convention, la dette, à fin 2018, aurait été supérieure de 600 millions d'euros", a déclaré à la presse Patricia Ferrand, vice-présidente (CFDT) de l'Unédic. Ces perspectives sont pourtant plus pessimistes que celles publiées en juin, qui tablaient sur un déficit de 3,6 milliards cette année et de 2,9 milliards l'année prochaine, et sur une dette de 36,5 milliards à fin 2018.

Pour Alexandre Saubot, le président (Medef) de l'Unédic, cet écart relève toutefois "de l'ajustement technique et pas structurel". L'Unédic "anticipe toujours un retour à l'équilibre financier de l'assurance chômage à l'horizon 2021", selon Patricia Ferrand. Cette légère détérioration intervient alors même que le contexte économique affiche des signes de reprise. La publication de l'Unédic se base sur des prévisions de croissance de 1,8% en 2017 et de 1,7% en 2018, contre 1,4% et 1,5% en juin. 

Hausse du nombre de chômeurs

Malgré cela, l'Unédic voit le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi augmenter de 76.000 personnes sur l'année 2017 en France entière, avant de se stabiliser quasiment en 2018 (-2.000). Pour 2017, l'indicateur ayant augmenté de 11.600 personnes depuis le début de l'année, il progresserait encore de 64.400 personnes supplémentaires sur les trois derniers mois de l'année.

Ces prévisions ont toutefois été réalisées avant que soit connue la très forte baisse du chômage enregistrée en septembre par Pôle emploi. S'il y a un "décalage" entre la croissance et la situation de l'emploi, il est notamment dû à "un soutien un peu moins fort que prévu en termes de politiques publiques", avec de moindres allègements de charges et des contingents de contrats aidés en baisse, a expliqué Vincent Destival, le directeur général de l'Unédic.

Ces prévisions financières prennent en compte les effets de la nouvelle convention d'assurance chômage, négociée au printemps par les partenaires sociaux et qui entrera pleinement en vigueur au 1er novembre. "Sans cette convention, la dette, à fin 2018, aurait été supérieure de 600 millions d'euros", a déclaré à la presse Patricia Ferrand, vice-présidente (CFDT) de l'Unédic.

Philippe défend la "question" de l'extension

Par ailleurs, Édouard Philippe a défendu la possible extension des droits au chômage aux indépendants et démissionnaires, promesse de campagne d'Emmanuel Macron confrontée à de plus en plus d'obstacles. "Il y a une situation financière, elle est connue, il faut la prendre en compte, elle est sérieuse, on ne peut pas faire comme si elle n'existait pas. Mais on ne peut pas non plus s'interdire de réfléchir aux pistes qui ont été évoquées par la ministre du Travail, et par le président de la République pendant la campagne", a souligné le Premier ministre, interrogé sur le sujet lors d'une conférence de presse sur la nouvelle réforme sociale du gouvernement (chômage, formation, apprentissage).

Outre le possible impact sur les comptes déjà déficitaires de l'Unedic, la proposition suscite le scepticisme du patronat et des indépendants, inquiets de voir une éventuelle lourde cotisation sociale grever les feuilles de paie, pour une prestation possiblement faible. L'extension de l'assurance-chômage "nous semble de nature à débloquer un certain nombre d'éléments et créer une dynamique, avec d'autres instruments que j'ai évoqués, pour apporter une réponse au blocage du marché du travail et à cette malédiction française ancienne qui veut qu'il y avait un taux de chômage durablement supérieur à celui de nos voisins", a fait valoir Édouard Philippe.

"Il faut se poser la question"

"Donc sans écarter du plat de la main les conséquences financières ou budgétaires qui en découleraient, il faut se poser la question. En tout cas c'est l'état d'esprit dans lequel nous sommes, et je crois l'état d'esprit dans lequel nous avons trouvé nos interlocuteurs (les partenaires sociaux)", a-t-il dit. Sans la lier directement à la question du financement de l'assurance-chômage, Édouard Philippe et sa ministre du Travail Muriel Pénicaud, présente mercredi, ont tous les deux mis en avant la proposition gouvernementale d'un "bonus-malus" qui pénaliserait financièrement les entreprises avec beaucoup de contrats courts.

À peine lancé par Emmanuel Macron, le chantier de l'assurance chômage "universelle" suscite déjà de nombreuses interrogations, sur les contours de son extension, sur son financement et sur le rôle des partenaires sociaux dans la future gouvernance. Pour les démissionnaires, le candidat Macron voulait leur donner la possibilité de bénéficier de l'assurance chômage une fois tous les cinq ans. Sur TF1 mi-octobre, le président a ébauché des critères plus restrictifs, notamment l'obligation d'avoir un projet professionnel pour prétendre à l'indemnisation.

D. L. avec AFP