BFM Business
Economie et Social

Assurance chômage: Les enjeux d'une négociation épineuse

-

- - AFP/ DOMINIQUE FAGET

Les négociations commencent ce vendredi et s'annoncent compliquées.

Âpres et intenses. Syndicats et patronat commencent les négociations sur l'assurance chômage. Objectif : arriver à plusieurs milliards d'économies, alors que le nombre de demandeurs d'emploi ne reflue toujours pas. Les huit organisations syndicales et patronales qui gèrent l'assurance chômage se retrouveront au siège de l'Unédic pour entamer leurs discussions sur une nouvelle convention.

À la surprise générale, Emmanuel Macron a en effet demandé cet été de rouvrir ce chantier alors même qu'une réforme, revoyant certaines règles sur les démissionnaires notamment, était adoptée dans le même temps au Parlement. La dernière convention d'assurance chômage est entrée en vigueur il y a tout juste un an.

C'est sur la base de la lettre de cadrage divulguée fin septembre par le gouvernement que les partenaires sociaux doivent s'accorder, avec comme principal objectif de trouver entre 3 et 3,9 milliards d'euros d'économies sur trois ans.

Plusieurs difficultés en vue

Première difficulté: tous les syndicats ont dénoncé une équation « strictement budgétaire » et mis en avant l'effort déjà engagé lors de la dernière convention (800 millions d'euros d'économies par an).

« L'approche qui est celle du gouvernement, qui est une approche budgétaire, ce n'est pas la clé d'entrée de la CFDT », a rappelé le secrétaire général de la centrale réformiste, Laurent Berger, lundi sur LCI.

La CFDT et FO n'ont pas caché qu'elles comptaient s'écarter de cette feuille de route. Mais l'État, qui met en avant un financement opéré désormais pour partie via l'impôt (CSG) au lieu des cotisations sociales salariales, a plus que jamais son mot à dire. À tel point que certains syndicats alertent depuis des mois sur l'avenir même du paritarisme. A l'instar de FO, qui craint que si les partenaires sociaux n'arrivent pas « jusqu'au bout » de cette négociation, il s'agisse de la « dernière négociation Unédic ».

En coulisses, le doute subsiste

En coulisses, l'heure est au scepticisme sur la possibilité d'un accord. Et quoi qu'il en soit, l'État reprendra la main au final. Le gouvernement affiche de son côté plusieurs objectifs: accélérer le retour à l'emploi, réduire la précarité mais aussi alléger la dette de l'Unédic, qui culmine à 35 milliards d'euros.

Il faut dire que l'objectif de 7% de chômage fixé par Emmanuel Macron pendant sa campagne est encore éloigné. L'Insee pointait fin octobre une décrue du chômage très lente, avec un taux à 8,9% fin 2018 contre 9,1% fin juin.

Autre difficulté pour les partenaires sociaux: s'entendre sur un dispositif pour remédier à l'explosion des contrats courts alors qu'ils se déchirent de longue date sur la question.

« Si l'État compte l'imposer, ce sera de force, car nous ne négocierons pas sur un tel dispositif », a encore dit le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, dans un entretien au JDD paru dimanche dernier.

Les discussions porteront sur la question de « la permittence » en général, c'est-à-dire l'alternance entre emploi et chômage ainsi que le cumul possible entre allocation et salaire. Les points de friction ne manqueront donc pas. Huit dates de réunion ont été calées jusqu'au 15 janvier.