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Economie et Social

Assurance chômage : les lignes rouges des syndicats et du patronat

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- - DOMINIQUE FAGET/AFP

Depuis mercredi, l’exécutif reçoit les partenaires sociaux pour élaborer une lettre de cadrage en vue de leurs futures négociations sur l’assurance chômage. Ce lundi aura lieu la dernière réunion avec l'UNSA et la CFDT. Le gouvernement dit n’avoir « aucun tabou », mais les partenaires sociaux, eux, ont déjà dressé leurs lignes rouges.

3,8 milliards d’euros en 2017. C’est le montant du déficit de l’assurance-chômage estimé par l’UNEDIC. Le gouvernement souhaite donc équilibrer financièrement le système et inciter davantage au retour à l'emploi. Mais certaines pistes envisagées braquent déjà les partenaires sociaux.

Bonus-malus sur les contrats courts

Le premier sujet qui fâche, c’est un éventuel bonus-malus sur les contrats courts. Même si le CDI constitue encore la majorité des contrats, les CDD de moins d’un mois représentent aujourd’hui 69% des embauches hors intérim, leur nombre a été multiplié par trois depuis 20 ans. L’exécutif veut pénaliser les entreprises qui abusent de ces contrats courts : les deux tiers des CDD sont en fait des réembauches d'un même employé, entrecoupées de périodes de chômage, parfois sur plusieurs années.

Le Medef et les artisans-commerçants de l’U2P n'en veulent pas : «c'est la nature de l'activité qui amène à avoir des contrats courts ou un turn over important", a déclaré le nouveau patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux, en sortant d'une entrevue avec le Premier ministre et le président du Medef de citer par exemple "les extras dans la restauration".

Revoir l’indemnisation des cadres

Deuxième pierre d’achoppement : l'indemnisation des hauts cadres. Un député de la République en marche propose de la baisser après 6 mois ou d’instaurer une allocation forfaitaire de 3 000 euros par mois. Il cible notamment ceux qui touchent entre 5 000 et 6000 euros par mois d’allocation chômage de la part de Pôle Emploi. Pour la CFE CGC, c’est une ligne rouge : le syndicat des cadres ne veut pas entendre parler de dégressivité, d’autant que seulement 1100 personnes ont touché l'allocation maximum (soit 6200 euros par mois) en 2017, selon les chiffres de l’Unedic.

Cumul emploi-chômage

Autre dossier sensible : la « permittence », ce dispositif qui permet de cumuler les allocations chômage et les revenus issus de contrats courts ou de temps partiels. Chaque mois, ils sont 1 560 000 à travailler tout en étant inscrits à Pôle emploi, soit la moitié des demandeurs d'emploi. La CFE-CGC se dit prête à rouvrir le dossier, mais la CGT elle, rappelle que cette précarité est subie et non voulue par les travailleurs. L’exécutif lui, invoque le retour à l'emploi et espère ainsi rendre ainsi plus attractifs les milliers de postes non pourvus en France

Lettre de cadrage

Le gouvernement enverra sa lettre de cadrage aux partenaires sociaux avant fin septembre. Ces derniers auront alors jusqu’à février 2019 pour se mettre d’accord, faute de quoi l’exécutif a annoncé qu’il légiférerait par décret.

Delphine LIOU