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Attractivité: la France distancée en Europe

"Avec des projets d’implantation en retrait de 2% en 2015, la France enregistre la seule baisse parmi le Top 15 des pays européens. La hausse de l’emploi (+8%) pâtit de la comparaison avec le dynamisme continental (+17%), pour le baromètre 2016 d'EY de l'attractivité de la France."

L'attractivité de la France comme terre d'accueil des investissements étrangers pâtit de la comparaison avec ses homologues européens. C'est le constat peu encourageant que dresse le baromètre 2016 de l'attractivité de la France, élaboré par le cabinet EY. Même si le label French Tech fait partie des atouts de l'hexagone sur le front porteur des activités numériques.

Le "site France" ne suit tout simplement pas le dynamisme européen avec un nombre de projets d'implantations liés à des investissements en diminution de 2% en 2015 : 598 projets annoncés contre 608 en 2014. C'est le seul pays à enregistrer une baisse dans le top 15 des pays attirant le plus de projets d'implantation (cf tableau ci-dessous). Si la progression des emplois créés en France par ces projets (+8%, de 12.579 à 13.639 entre 2014 et 2015) est une bonne nouvelle, elle reste à relativiser par rapport à la dynamique européenne (+17%).

A l'aune du nombre des projets d'implantation, "le Royaume-Uni et l’Allemagne dominent le classement et creusent l’écart sur toutes les autres destinations…France comprise" souligne le baromètre d'EY. Le Royaume-Uni bondit de 887 à 1.065 projets d'investissements. Et l’Allemagne poursuit sa dynamique des 10 dernières années, avec une croissance de 9% (de 870 à 946 implantations).

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- © Baromètre 2016 de l'attractivité de la France (source : EY).

Certes, l'an passé, "la France a continué d’accueillir plus d’implantations d’usines (212) que le Royaume-Uni (183) et l’Allemagne (142), dans l’automobile, la chimie, l’agro-alimentaire, l’équipement industriel, mais aussi l’énergie ou l’aéronautique" relève le baromètre EY. Mais il s'agit d'investissements qui sont plutôt des extensions (80%) et de taille modeste (32 emplois en moyenne contre 75 au Royaume-Uni).

Au chapitre des bonnes nouvelles pour notre pays, la France s'affiche au 5ème rang mondial en accueillant deux fois plus de centre de recherche et développement en 2015. Les 205 dirigeants étrangers (Europe, Asie, Amérique du Nord) interrogés pour les besoins du baromètre EY reconnaissent à la France des atouts distinctifs : qualité de l’innovation et de la recherche (37%), capacité à former et attirer les talents (23%), rayonnement touristique (31%) et puissance des grands secteurs (30%).

En revanche, 72% de ces décideurs internationaux jugent la fiscalité française peu ou pas du tout attractive et notre niveau de charges sociales est regretté par 73% d’entre eux.

Les consultants d'EY suggèrent que la France "relève en urgence le défi de la compétitivité fiscale et sociale qui soit adapté aux investissements en « T » (technologie, talents, tertiaire,…)". Ils préconisent aussi un plan de bataille tourné vers les pays émergents et les sièges sociaux (150 centres de décision au Royaume- Uni contre 11 en France en 2015). Et la récente décision du futur ensemble TechnipFMC d'installer son siège social à Londres, résonnent comme un nouvel avertissement pour la France...

Frédéric Bergé