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Austérité: François Hollande est-il est allé trop loin?

Benoît Hamon estime que la France est allée trop loin dans l'austérité

Benoît Hamon estime que la France est allée trop loin dans l'austérité - -

Dans une interview au Parisien, ce mercredi 10 avril, Benoît Hamon réclame à demi-mot un changement de politique avec moins de rigueur. Mardi déjà, Arnaud Montebourg appelait à revoir la politique d'austérité en Europe. L'exécutif va-t-il changer de cap économique après l'affaire Cahuzac ?

La France est-elle allée trop loin dans l'austérité? Pour Benoît Hamon, la réponse est positive. Dans un interview publiée dans Le Parisien de ce mercredi 10 avril, le ministre délégué à l'Economie sociale et à la Consommation, estime que "la réalité de l'austérité s'est imposée en Europe à la suite des orientations voulues par la droite".

"La conséquence, c'est que nous héritons d'une situation avec plus de chômage, une dette qui a explosé et une réduction sans précédent de la protection sociale", a-t-il poursuivi.

Le ministre appelle ensuite à demi-mot à infléchir cette politique: "Il appartient donc au Gouvernement de tout faire pour renverser cette tendance funeste". Il rappelle les grands chantiers déjà amorcés par François Hollande: l'union bancaire, le pacte de croissance de 120 milliards d'euros ou encore la mise en place du mécanisme européen de solidarité.

"Mais maintenant, sur le rythme de réduction des déficits, je distingue, le sérieux budgétaire indispensable , qui est un moyen, de l'austérité qui est une fin en soi", ajoute-t-il.

Sur BFMTV et RMC un peu plus tard ce mercredi, il a tempéré ses propos en mettant en cause "la droite allemande" responsable de la politique d'austérité en Europe. Car, selon lui, la politique suivie par le gouvernement Ayrault n'est pas de rigueur mais "éprouvante".

"A la fin de l'année, nous devons évaluer si cette politique est soutenable", a-t-il lancé. Espérant implicitement alors un changement de ligne.

"Le sérieux budgétaire n'est pas sérieux"

Déjà, Arnaud Montebourg, dans un entretien accordé au Monde, s’en prenait ouvertement à la politique de rigueur: l'austérité, "rejetée par tous les peuples", conduit l'Europe à la "débâcle" et fait planer la menace d'une "crise de régime" au niveau européen, déclarait-il.

"Le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, n'est plus sérieux. Il est absurde et dangereux. Il est donc plus que temps d'ouvrir le débat sur cette politique qui conduit l'Union à la débâcle", expliquait ainsi le ministre du Redressement productif.

Tout se passe en fait comme si l'affaire Cahuzac avait libéré la parole de l'aile gauche du gouvernement. L'ancien ministre du Budget incarnait à leurs yeux une politique de rigueur, en particulier en matière budgétaire. C'est lui qui était chargé de mettre en musique les économies réclamées par Jean-Marc Ayrault à tous les ministres.

Mais à quelques jours de la présentation par la France de son programme de stabilité budgétaire à Bruxelles, le 17 avril, l'exécutif peut-il donner des signes de relâche de ses efforts financiers ?

J.M.