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Auto hybride rechargeable ou électrique : l'heure du choix

Les grands constructeurs français sont à la croisée des chemins pour choisir leur technologie du futur : l'avenir sera-t-il hybride ou 100% électrique?

Les grands constructeurs français sont à la croisée des chemins pour choisir leur technologie du futur : l'avenir sera-t-il hybride ou 100% électrique? - JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Les grands constructeurs automobiles français sont en train d'opérer un tournant délicat. Besoins des consommateurs, considérations techniques et aussi politiques publiques... Chacun doit prendre le virage des énergies propres, avec des choix technologiques cruciaux, qui vont les engager pour les décennies à venir.

Hybride, hybride rechargeable, ou tout électrique? Un débat de fond agite l'ensemble du monde automobile depuis quelques années, mais la question n'est toujours pas totalement tranchée. Si l'avenir à très long terme semble être celui de l'automobile électrique, les constructeurs français n'ont pas adopté la même cadence pour y arriver.

Si Renault, depuis quelques années, a fait le pari d'une transition franche du thermique vers le tout électrique, ce n'est pas le cas de PSA par exemple, dont le patron Carlos Tavares s'est toujours voulu très prudent en la matière. Après une tentative infructueuse il y a quelques années de marier l'électrique au diesel via la technologie E-Hdi, le groupe lance une offensive ambitieuse sur l'hybride rechargeable essence.

Electrification progressive

« Un choix avant tout dicté par le consommateur », dit le directeur de Peugeot, Jean-Philippe Imparato. Mais aussi par des considérations techniques. Car les premiers modèles qui vont bénéficier de cette technologie vont au-delà des petites citadines, pour lesquelles jusque-là le 100% électrique peut se défendre. Là il s'agit d'électrifier progressivement le domaine des berlines routières et des SUV, avec la Peugeot 508, le SUV 3008, ainsi que la DS7 Crossback E-Tense.

Une solution qui permet à ces véhicules une belle autonomie en mode tout électrique (50 kilomètres) une fois rechargés sur une prise, mais aussi de pouvoir se recharger en faisant fonctionner le moteur essence. Beaucoup de technicité, mais aussi plus de souplesse et d'endurance, une des préoccupations majeures du public, avec le prix également.

Un cercle vertueux?

Développer des véhicules hybrides rechargeables permet, selon la plupart des constructeurs, de pouvoir fournir des véhicules toujours plus propres, tout en maîtrisant les coûts de développement et donc le prix final. Ce qui doit enclencher un cercle vertueux, censé rendre de plus en plus accessible cette technologie, avant un éventuel passage au 100% électrique.

Car force est de constater que la voiture électrique reste pour le moment chère et peu pratique aux yeux des consommateurs. Selon une étude de l'Observatoire Cetelem, 91% des automobilistes français jugent l'auto électrique plus coûteuse que son équivalent thermique, et seuls 13% seraient prêts à investir dans une voiture électrique qui aurait une autonomie inférieure à 300 km. 

Rôle des politiques publiques

L'infrastructure en matière de recharge est aussi en question : si tous les grands constructeurs et certaines institutions publiques ou privées y vont de leur solution de charge rapide via des expérimentations ponctuelles, il n'y a pour l'instant pas de politique globale et unifiée pour fournir l'architecture nécessaire dans le pays, face à un segment certes en forte croissance mais qui représente encore à peine 2% du marché auto français.

La dernière partie de l'équation viendra donc encore une fois des politiques publiques. Si l'aide de 6 000 euros à l'achat d'une voiture électrique perdure, celle de 1 000 euros en faveur des hybrides rechargeables a été suspendue l'année dernière. Même si Peugeot, par exemple, assure développer sa technologie et calculer ses tarifs indépendamment des aides spécifiques, une reprise des subventions serait évidemment la bienvenue.

Horizon 2030

C'est l'ADEME, l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, qui apporte d'ailleurs de l'eau au moulin de l'hybride rechargeable, via une étude publiée cet été. L'ADEME juge cette « solution écologiquement plus pertinente à moyen terme pour les particuliers » que le 100% électrique, notamment parce qu'il y a moins de batteries et que l'impact sur l'environnement est donc plus limité.

Si le saut vers le 100% électrique reste un pari ambitieux, que tente de relever Renault via une gamme réduite, l'hybride rechargeable paraît donc sans doute la technologie la plus viable dans un premier temps, pour déclencher une transition globale via une gamme de plus en plus étendue de véhicules... en attendant une année 2030 qui scellera sans doute définitivement le sort des motorisations thermiques. A cet horizon, le Parlement Européen souhaite que les émissions de CO² soient réduites de 45% par rapport au niveau qu'elles auront atteint en 2021.

Antoine Larigaudrie