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Baromètre des Grandes Entreprises : Et si 2019 réservait de bonnes surprises ?

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2018 n’a pas tenu ses promesses mais les dirigeants des principales entreprises françaises restent optimistes pour 2019.

Il y a un an pile, notre Baromètre des Grandes Entreprises, réalisé par l’Observatoire BFM Business et le cabinet de conseil Eurogroup consulting en partenariat avec l’Express, était au beau fixe. Les grands fleurons tricolores, solides financièrement, considéraient alors que l’environnement mondial n’avait jamais été aussi porteur depuis la crise financière de 2007-2008. Elles plaçaient en la France des espoirs jamais vus depuis la création de notre baromètre en 2006, dopés par l’arrivée à l’Elysée d’un Président de la République aussi jeune que « pro-business ». Le mot d’ordre était simple : 2018 devait être une belle année à ne pas gâcher.

Un an plus tard, que disent les 100 principales entreprises tricolores (CAC 40, une partie du SBF 120, quelques grandes sociétés familiales et plusieurs ETI emblématiques du paysage économique national)? D’abord que 2018 n’a pas tenu ses promesses. A cause, en France, des grèves de Printemps dans les transports, du long mouvement des gilets jaunes, et du manque de lisibilité d’une politique économique souvent brouillonne. Le monde nous a aussi apporté sont de mauvaises nouvelles, des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis au Brexit en passant par la poussée de fièvre sur le pétrole, la fronde italienne contre Bruxelles et le spectaculaire trou d’air sur les marchés financiers à partir de l’été.

« Mais la bonne nouvelle apportée par le monde des affaires, c’est que l’année 2019 sera sans doute meilleure que les citoyens et les Bourses ne l’anticipent aujourd’hui », affirme Gilles Bonnenfant, le président d’Eurogroup Consulting. Les perspectives d’activité s’affichent certes un peu en retrait par rapport à janvier 2018, mais elles se maintiennent à leur niveau le plus élevé depuis 2009. La rentabilité résiste également. Tout comme les projets d’investissement, qui vont continuer à sortir des cartons à un rythme inconnu depuis l’éphémère sursaut de 2011. C’est sur le front de l’emploi que les grands dirigeants français sont le plus frileux. Les économistes, bien qu’ils observent la marche des affaires d’une autre fenêtre, partagent ce sentiment: « les marchés financiers surestiment les risques géopolitiques et commerciaux, et sous estiment le carburant qui reste disponible pour faire tourner les moteurs de l’activité », assure Patrick Artus, le directeur des études économiques de Natixis. 2018 avait déçu; 2019 ne manque pas d’atouts pour être une année de bonnes surprises...

Voilà les résultats de ce baromètre perspective par perspective : 

1/ Perspectives d'activité : résistantes

Malgré une croissance moins vigoureuse que prévu en 2018, les dirigeants des principales entreprises françaises restent optimistes pour 2019. Les perspectives d’activité continuent de s’améliorer à l’international, le redressement des pays émergents compensant l’essoufflement européen. En France, les cadences tourneront peut-être un peu moins vite cette année, notamment dans des secteurs comme l’automobile ou la construction mais se maintiendront quand même au dessus des rythmes enregistrés après la récession de 2009, tirées par les services et la distribution.

2/ Perspectives de rentabilité : contrastées

Alors que les perspectives de rentabilité continuent de se redresser sur les marchés mondiaux, elles se dégradent en France, sous l’effet de la hausse des couts d’approvisionnement, de l’atonie des gains de productivité et de l’accélération des salaires réels. Le taux de marge devrait toutefois bondir en 2019 sous l’effet de la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi en exonération de cotisations patronales. Une bouffée d’oxygène sans doute insuffisamment anticipé par les dirigeants d’entreprise. 

3/ Perspectives d'investissement : encore solides

C’est l’une des meilleures surprises de ce baromètre des grandes entreprises 2019 : les patrons restent déterminés à sortir leurs projets d’investissement des cartons. Malgré le ralentissement des entrées de commandes, les tensions persistantes sur les capacités de production dans l’industrie nécessitent de renouveler les machines. Mais c’est surtout la demande de services qui devrait rester soutenue (programmation, conseil et autres activités informatiques notamment),

4/ Perspectives d'embauches : ça se maintient mais...

Si les grandes entreprises françaises maintiennent leurs intentions de recrutement à l’international, elles les revoient nettement en baisse dans l’hexagone. La loi Travail n’a finalement simplifié qu’à la marge les recrutements et les licenciements, et les difficultés à trouver les profils correspondant à leur besoin augmentent chaque jour et concernent plus de la moitié des sociétés. Fait aggravant : les dirigeants d’entreprises craignent que les mouvements sociaux, gilets jaunes en tête, incitent le gouvernement à différer les réformes favorables aux entreprises ou pire à revenir sur celles déjà réalisées.

Autre observation : Les patrons face aux gilets jaunes

Les gilets jaunes divisent les grandes entreprises tricolores en deux groupes de taille presque identique : celles que le mouvement inquiète (52%), et celles que le mouvement laisse de marbre. Les mesures prises par le gouvernement (hausse de la prime d’activité, prime exceptionnelle, gel des taxes sur l’essence, défiscalisation des heures supplémentaires) sont jugées positivement (aux trois quarts même pour les patrons inquiets). Les entreprises joueront-elles le jeu de la prime exceptionnelle ? oui répondent les deux tiers d’entre elles, sachant que les entreprises qui ne redoutent las le mouvement des gilets jaunes seront plus généreuses que celles qui le redoutent…