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Finances publiques

Pour Bruxelles, la France ne passera pas sous les 3% de déficit en 2015

La France va connaître une croissance de 0,2% en 2013, selon Bruxelles.

La France va connaître une croissance de 0,2% en 2013, selon Bruxelles. - -

La Commission européenne a publié, ce mardi 5 novembre, ses prévisions économiques d'automne pour l'Union européenne. Elle estime que la France n'arrivera pas à passer sous les 3% de déficit d'ici à 2015, comme Paris s'y est engagée.

Le verdict bruxellois est désormais tombé. Ce mardi 5 novembre, la Commission européenne a publié ses prévisions de croissance d'automne pour l'ensemble des pays de l'Union européenne.

Pour Paris, il s'agit de la première confrontation des prévisions de croissance et de déficits du Budget 2014 avec celles de l'exécutif européen.

Et, une fois n'est pas coutume, la Commission européenne a donné raison à la France, tablant sur une croissance de 0,2% pour 2013, soit même un peu mieux que Bercy (+0,1%).

Pour 2014 et 2015, elle rejoint même les prévisions de Paris, misant respectivement sur une hausse du PIB de 0,9% et de 1,7%. De bons chiffres qui s'expliqueraient, selon Bruxelles, par la bonne résistance de la consommation des ménages et par une amélioration du climat des affaires.

Un verdict différent sur le déficit

Malheureusement, sur le déficit, le scénario de Bruxelles diffère de celui de l'Hexagone. La Commission européenne table ainsi sur la trajectoire suivante: 4,1% de PIB en 2013, 3,8% en 2014 et 3,7% en 2015.

Or, Paris voit les choses autrement. Ainsi le budget 2014 tablait sur un déficit de 4,1% en 2013, mais surtout de 3,6% en 2014. Pour 2015, Pierre Moscovici s'était engagé à ramener le déficit "sous la barre des 3%".

Autrement dit, Bruxelles ne pense pas que Paris pourra tenir sa promesse. "La croissance du PIB, significativement sous son potentiel et la baisse des recettes (...) ont un impact sur le déficit", justifie la Commission.

Le déficit structurel avant tout

Mais une nouvelle fois, la Commission européenne, par la voix du commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, le Finlandais Olli Rehn, a souligné que l'important n'est pas le chiffre nominal mais "l'ajustement structurel". Autrement dit, ce n'est pas le déficit brut qui compte mais le déficit corrigé des aléas de la conjoncture.

Mais même sur ce point, les estimations de Bruxelles sont éloignées de celles du gouvernement français. Ainsi, la Commission européenne table sur un chiffre de 2% en 2014 contre 1,7% pour Bercy.

La Commission européenne dira le 15 novembre prochain si elle est satisfaite du Budget 2014.

Le chômage devrait encore augmenter

Autre mauvaise nouvelle pour la France: Bruxelles ne croit pas à l'inversion de la courbe du chômage. L'exécutif européen estime ainsi que le taux de chômage va atteindre 11% en 2013, 11,2% en 2014 et 11,3% en 2015.

"Dans un contexte de croissance modérée, les employeurs vont davantage favoriser la productivité au détriment de la création d'emplois, durant l'année 2014", explique la Commission. Selon les derniers chiffres de l'Insee, le chômage s'élevait à 10,9% en France, en incluant les DOM-TOM.

Quant à la dette, Bruxelles la voit gonfler jusqu'à 96% du PIB en 2015.

Julien Marion