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Finances publiques

Budget 2015: une rentrée à haut risque pour le gouvernement

A la rentrée, Manuel Valls risque encore d'avoir maille à partir avec les frondeurs.

A la rentrée, Manuel Valls risque encore d'avoir maille à partir avec les frondeurs. - -

Les parlementaires seront en vacances le 25 juillet. Des vacances bien méritées, avant de revenir se pencher sur un budget 2015 qui risque de provoquer la fureur des frondeurs du PS et des Français.

La fin de la saison approche pour les parlementaires : au vu du nombre de lois votées, ils auront bien mérité leurs vacances, qui commencent le 25 juillet. Il est vrai qu’ils ont beaucoup travaillé, ces derniers mois en général, et ces derniers jours en particulier.

La liste des lois votées est impressionnante : la réforme de la SNCF, la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, la loi sur l’économie sociale et solidaire, celle sur l’immobilier d’entreprise, la réforme territoriale bien sûr, celle des taxis, de la simplification administrative, et puis surtout le budget rectificatif de la Sécu et celui de l’Etat, qui acte les mesures du Pacte de responsabilité.

Cela fait beaucoup, on pourra toujours regretter que nombre de ces réformes soient trop timides, que nos parlementaires se soient donnés beaucoup de mal pour défaire avec le gouvernement de Manuel Valls ce qu’avait fait le gouvernement Ayrault. Notamment sur l'apprentissage, la loi Alur, la fiscalité des emplois à domicile

Le budget le plus périlleux depuis 2012

Mais bon, on leur souhaite de bonnes vacances, et ils en auront besoin, parce qu’à partir de la rentrée, ce sera sans doute beaucoup plus compliqué encore. Et on entrera très vite dans le vif du sujet avec le budget 2015.

Celui-ci sera sans doute le plus périlleux à mettre en place depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. D’abord parce que l’objectif est démesurément ambitieux. Le rythme de réduction des déficits publics, c’est 0,7 point de PIB en 2013, 0,5 point en 2014.

Là, selon les prévisions de Bercy, ce sera 0,8% point de PIB en 2015, voire 1 point de PIB si l’on en croit la Cour des Comptes.

D’autant plus ambitieux que les vents économiques sont défavorables. Aucune reprise ne se dessine pour l’instant. Il est donc très peu probable que la croissance atteigne les 1,5% attendus par Bercy l’an prochain.

La pression fiscale risque de continuer à augmenter

Budget périlleux aussi car le climat politique sera sans doute électrique. Comme il n'y a pas de croissance, il faudra faire plus d’efforts que les 21 milliards de réduction des dépenses prévu en 2015. Et Il faudra donc encore faire des choix qui risquent fort de déplaire aux frondeurs du PS, à moins que la France préfère se mettre Bruxelles à dos.

Et surtout, il faudra craindre aussi la colère des Français. Parce que les effets de réformes favorables aux entreprises lancées par le gouvernement ne produiront pas d’effets avant deux à trois ans au mieux, parce que le chômage va rester élevé, et parce que la pression fiscale risque de continuer à augmenter pour certaines catégories déjà bien mises à contribution, notamment pour les classes moyennes, malgré la promesse du gouvernement de faire porter l’effort de baisse des déficits sur la réduction des dépenses.

Un seul exemple : 4 milliards de baisses des dotations aux collectivités locales va entraîner autant de hausse des impôts locaux. Donc encore une fois, les Français auront l’impression que les dirigeants politiques ne tiennent pas leurs promesses…

Emmanuel Lechypre